(Americanah, 2003)
Traduction : Anne Damour. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Ifemelu, jeune noire née au Nigéria, habitant à New Jersey, est une blogueuse célèbre, qui écrit sur la vie des noirs non-américains en Amérique. Elle va fermer son blog Raceteenth, vendre son appartement, quitter son petit-ami Blaine et, par la même occasion, finir son périple de 13 ans aux États-Unis et rentrer à son pays d’origine, le Nigeria. Le retour à Lagos ne sera pas évident.
Sans vrai patrie :
Roman passionnant, qui aborde avec finesse et intelligence tout un tas de sujets complexes (le racisme, le racisme entre noirs, la condition des femmes, l’immigration, le regard des autres…). Et tout saupoudré par des histoires interpersonnelles entre personnages très attachants et bien dessinés. Et aussi, last but not least, une belle histoire d’amour.
Ce livre a un humour mordant qui donne lieu à des situations sérieuses et hilarantes au même temps. Comme les scènes dans le salon de coiffure où les cheveux des noires vont être classifiés selon une inquiétante hiérarchie : Celles qui peuvent passer plus discrètement comme à « moins » noires, ou noires américaines seront au-dessus de celles qui n’arrivent pas. Elle aborde clairement le sujet du racisme entre noirs. Traiter un sujet si incroyablement dérangeant avec un humour si décapant, est un tour de force impressionnant et très réussi pour la jeune écrivaine.
‘Americanah’ présente un mélange savant du présent et du passé dans un récit non linéaire, comme Adichie avait déjà fait dans ses précédents romans. Le retour au Nigéria se mélange avec l’expérience américaine, la vie à Londres de son ex Obinze (qu’elle va retrouver au Nigéria) et même avec la vie au Nigéria avant le départ à l’étranger. Ce chaos bien organisé est un des charmes du roman.
Le rythme est un peu irrégulier pas moments, et il y a quelques longueurs, mais l’abondance des moments fabuleux et des réflexions pointues, me font conseiller ce roman vivement.
Citation :
« Si on lui demandait ce qu’elle faisait, elle répondait vaguement : ‘Je rédige un blog sur les modes de vie’, car dire ‘J’écris un blog anonyme intitulé Raceteenth ou Observations diverses sur les Noirs américains (ceux qu’on appelait jadis les nègres) par une Noire non américaine’ les aurait mis mal à l’aise. »
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