Littérature des 5 continents : AfriqueSahara Occidental

Amor en la villa del mar Blanco

Ali Salem Iselmu

(Amor en la villa del mar Blanco, 2023)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

La chaleur envahit les terres de Beruaga et la tribu nomade des Ulad Uld Musa devrait bientôt partir à la recherche de meilleurs pâturages pour le bétail. Pour assurer la faisabilité de la traversée jusqu’à la mer, il faut que les Oasis soient toujours là avec de l’eau dans les puits, et que les terres soient bonnes. Il est décidé que le noble Mahfud, le chef de la famille, partira en éclaireur quelques jours avant. Après quelques semaines sans nouvelles de Mahfud, son fils Ahmedu, ainsi que d’autres notables de la famille s’inquiètent car leurs terres sont sèches et le départ ne peut plus attendre.

La vie nomade face au monde moderne :

Le Sahara occidental est le seul territoire d’Afrique pas officiellement décolonisé et dont la souveraineté est toujours en dispute depuis le départ des espagnols en 1976, et les invasions marocaines et mauritaniennes. Actuellement le Maroc contrôle de facto la plupart de sa géographie, en opposition à celle contrôlé par la République arabe sahraouie démocratique, qui réclame l’indépendance du Sahara Occidental et la reconnaissance internationale.

Je savais que ma recherche d’une lecture locale ne serait pas facile, mais j’avais des bons espoirs de trouver sur le net une édition de ‘Lagrimas de Alegria’ de Abderrahman Budda Hamadi, mais cela fut plus compliqué que prévu. Après plusieurs échanges avec des associations sahraouis en demandant des renseignements sur leur littérature, finalement je suis tombé sur un site fantastique (https://libreria.saharaoccidental.es/), qui recense énormément de matériel littéraire dont plusieurs auteurs nés dans la région. C’est ainsi que je suis tombé sur Ali Salem Iselmu, né à Tiris au Sahara occidental, qui, après le conflit qui secoua son pays (et dont il est question dans le récit qui nous occupe) émigra à Cuba où il finit son éducation, avant de rentrer en Europe. Actuellement il réside en Espagne.

Ne vous laissez méprendre par un titre qui peut sembler mièvre ou naïf, ‘Amor en la villa del mar Blanco’ (À ma connaissance, sans aucune traduction prévue) n’a rien de la romance exotique que on aurait pu imaginer. La partie ‘amour’ n’apparait que vers la toute fin du récit, et de façon bien discrète. Dans tous les cas, c’est un roman très beau, très intéressant et très authentique, qui décrit avec beaucoup de réalisme et connaissance du terrain, la vie nomade dans les campements sahraouis. À mon avis, un titre plus évocateur de la vie nomade entre désert, les oasis et les campements des jaimas aurait était largement plus juste, car c’est de cela dont il s’agit.

Même avec cette vocation documentaire, il y a quand même un petit fil narratif qui se rallonge pendant trois générations de la famille, en suivant les changements sociétaux majeurs qui ont impacté le peuple sahraoui, comme la modernisation et les exils forcés à la suite du conflit. Le roman suit le peuple nomade sahraoui, et ses relations avec d’autres communautés comme celles des pêcheurs espagnols du Mar Blanco et aussi des expatriés du Pays Basque. Les évènements historiques, comme la guerre du Sahara occidental (1975–1991), sont immiscés dans le récit, lui conférant du poids dramatique, tout en restant très sobre et élégant.

Même si les personnages ne sont pas extraordinairement marqués et le parti-pris littéraire ne propose rien d’exceptionnel à niveau style ou structure, c’est un livre plein d’émotions simples, d’humanisme et de l’honnêteté, qui nous offre une fenêtre privilégiée vers un mode de vie malheureusement presque disparu. Une très belle et agréable lecture (tant que vous soyez calés en Espagnol).

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