Littérature des 5 continents : AfriqueCôte d'Ivoire

Debout-Payé

Gauz

(2014)
Langue d’origine : Français
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Sous le terme ‘Debout-payé’ on regroupe tous ces emplois dans lesquels on a un salaire en échange de passer sa journée début, par exemple vigile dans une grande enseigne ou boutique. On suit les vies de plusieurs générations de côte-ivoiriens immigrés à Paris, souvent des sans-papiers et, à travers ce poste d’observation privilégié qui permet le métier de vigile, on trace une radiographie de la société parisienne et de la futilité de ses mœurs de consommation.

Immigration et consommation :

Avec ce relatif succès de la rentrée littéraire 2014, Gauz nous propose un livre presque documentaire sur l’immigration ivoirienne arrivé à Paris entre les années 60 et jusqu’aux années 2000, l’accès au monde du travail souvent en postes de vigiles, et les aléas de ce métier selon les évolutions de la société. Un deuxième sujet, traité avec plus d’humour et mordant, sera les habitudes de consommation de la société, parisienne et internationale, toujours analysées sous le point de vue du vigile observateur. On est en plein dans l’essai sociologique.

Pour suivre ces deux sujets, le livre alterne deux narratives bien distinctes. D’un côté on suit plusieurs générations d’immigrés ivoiriens qui travaillent comme vigiles et leurs soucis d’adaptation à la dure vie parisienne, et le racisme avec lequel en général ils sont accueillis. Et d’un autre côté, on regroupe tout un ensemble de théories, anecdotes et aphorismes liés au métier de vigile. Le long de toutes ces heures débout à Sephora ou Camaïeu, le vigile peut plonger ses pensées dans l’observation et l’analyse de la société qui l’entoure. Gauz va la décrypter d’une façon caustique et assez loufoque. C’est une espèce de dictionnaire, un cahier de notes, qui, dans des brefs paragraphes, offre des mordantes réflexions sociologiques. Cette deuxième partie, peut-être plus intéressante et sans doute moins conventionnelle, a un humour absolument décapant, frôlant régulièrement le mauvais goût sans jamais tomber dedans, utilisant les lieux communs et les clichés de façon satyrique et avec beaucoup d’autodérision. Sans doute il y a beaucoup d’autobiographique là-dedans.

C’est souvent drôle tout en restant profond et sombre. On catalogue nos modes de vie et l’absurde intronisation de la consommation débridée, et on ne peut qu’adhérer à cette vision critique et décalée de l’homme moderne. Mais en réalité, dans ‘Débout-payé’ il n’y a pas de personnages marqués, ni de narration proprement dite, ni de style littéraire. C’est totalement décousu et parfois un peu confus, mais il faut avouer qu’il y a des moments d’humour jubilatoires. Selon mon humble avis, cela fonctionnerait largement mieux comme à scénario de one man show, que en tant que roman.

Pas vraiment abouti, mais intéressant dans tous les cas.


Citation :

« LE VOILE ET LA CAPUCHE. Il est interdit de rentrer dans le magasin avec une capuche dans la tête. Mais il n’est pas interdit d’entrer avec un voile, même intégral. Quelle attitude adopter quand apparaît cette jeune fille qui a une capuche sur un voile ? »

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