(2020)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Sur le point de faire son discours à la Francophonie en 2019, Roukiata Ouedraogo remémore son passé au Burkina Faso, lors qu’elle était petite, emmitouflée en permanence dans le pagne qui la collait au corps de sa mère, Djelila.
L’injustice de l’arrestation de son père, fonctionnaire de l’état, par une étrange affaire de détournement de fonds, va mettre Djelila dans une situation très difficile, seule avec 7 enfants, et un mari en prison. Malgré les circonstances difficiles, Djelila se battra contre le mécanisme enraillé de la justice pour pouvoir libérer son mari. Pour subvenir aux besoins de la maisonnée, Djelila se met à cuisiner des galettes qu’elle vendra en face de la maison. La recette de ces délicieuses galettes rencontre un franc succès, mais leurs vies ne sont pas faciles et le séjour de son mari en prison s’éternise.
Portrait d’une mère courage :
C’est une déclaration d’amour que l’écrivaine adresse à sa mère à travers ce récit. Un récit très ressenti et puissant, même si expliqué d’une façon factuelle. C’est une narration qui devient très intéressante pour ce qu’elle raconte, plutôt que par comment elle le raconte. Ne vous attendez pas à un travail littéraire poussé, mise à part cette narration en double temporalité que, depuis le présent, permet à l’autrice de se plonger dans ses souvenirs pour remémorer la figure de cette mère courageuse et héroïque.
Niveau personnages c’est assez schématique. Ils n’ont pas vraiment d’arêtes ni de nuances et, comme dans beaucoup de romans de ce style, se divisent simplement entre les protagonistes et les antagonistes. La mère est l’héro, sa famille la suit, le mari hésite et l’administration incarne toutes les entraves qui la famille doit endurer.
Avec un français simple et directe, sans complications stylistiques, le récit s’appuie plutôt sur son coté documentaire et autobiographique. Le récit est plutôt plat, sans aucune perspective narrative qui susciterait un vrai intérêt littéraire, autre le contenu, ce qu’elle raconte, sa vie.
Roukiata Ouedraogo a sans doute des choses à dire mais je serai curieux de savoir si elle pourrait écrire sur d’autres sujets autre sa propre vie. Malgré sa naïveté littéraire le livre se lit avec aisance, et le témoignage en soi est très prenant. C’est déjà beaucoup. Roukiata Ouedraogo est une icône de la francophonie, et sa lecture en 2019 de la fameuse dictée, fait partie des enjeux de ce roman autobiographique. Depuis son arrivée en France en 2000 après l’obtention de son bac, Ouedraogo alterna les petits boulots jusqu’à qu’elle finit pour percer dans le théâtre avec ses one-woman shows, tous axés sur son vécu de femme burkinabé issue de l’immigration, et le contraste que cela représente au sein de la société française. Elle est aussi chroniqueuse et humoriste sur France inter, toujours avec l’ambition de parler des sujets sérieux à travers l’humour. Elle évoque ce souhait dans le touchant épilogue de cette œuvre.
Citation :
« Ma mère comprit sans doute, à cet instant, qu’elle n’était pas le socle solide qu’elle croyait être, qui portait ses enfants à bout de bras, mais que c’était elle qui, en réalité, s’appuyait sur nous de tout son poids. Nous étions jeunes et fragiles, nous n’en étions pas moins les sept piliers qui lui fournissaient la force vitale et l’enthousiasme dont elle avait besoin pour se battre. »
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