Littérature des 5 continents : AfriqueLa Réunion (France)

Faims d’enfance

Axel Gauvin

(1987)
Langue d’origine : Français
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Cantine dans une école de l’Ile de la Réunion, dans ce qui semblerait être les années 60. Le récit suit pendant quelques mois le journal de bord d’un enfant de quinze ans d’origine Tamoul, Soubaya, qui devient le souffre-douleur de sa classe. Tout le monde l’appelle ‘Malabar’ pour se moquer régulièrement de ses origines indiennes. Les blagues le plus terribles se déroulent le jour où il y a du bœuf, car Soubaya est hindouiste et pour sa religion, le bœuf est sacré. Pendant que tous ses collègues s’empiffrent et se moquent de lui, Soubaya crève de faim. Jusqu’à que un jour ses yeux se posent sur la belle Lina.

Histoires de cantine réunionnaise :

Ce roman atypique se déroule tout entièrement dans une cantine, gérée par des professeurs de l’école pas toujours bienveillants, même souvent sadiques. Le journal de Soubaya à la première personne décrit tout un ensemble de situations du quotidien de la cantine, qui sont parfois dramatiques mais seront toujours éclairées par un sens de l’humour assez intelligent.

Avec un ton nostalgique et un très beau phrasé parsemé des mots créoles (qui n’entament pas le moindre la compréhension du texte pour ce qui ne seront pas familiarisés), Gauvin réussit, au moins partiellement, le pari de nous parler de la société créole tout en réfléchissant sur le passage entre l’enfance et l’adolescence, le tout sans sortir de la cantine d’une école.

C’est possible que certains lecteurs accrochent à ce parti pris de huis-clos cantinier, mais personnellement j’ai trouvé cela un peu limité, et pas forcément moteur d’intrigue ou réflexion. La métaphore de la société que l’auteur veut refléter dans tous ces écoliers qui se retrouvent dans la pause à midi, ne touche pas toujours la cible à mon sens. Et le virage romantique dans la deuxième moitié du libre appuie sur des ficelles relativement convenues. Cela reste un roman intéressant malgré tout, mais sans plus.


Citation :

« Je crèverai de faim s’il le faut, mais leur repas : jamais ! »

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