(2000)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Obame Afane est un instituteur de village, totalement amoureux de sa femme Bella. Le couple vit des jours heureux, mais les enfants tardent à arriver et, face aux critiques, Obame se voit contraint de prendre une deuxième épouse, Awudabiran, qui pourrait lui donner une descendance. Awu accepte ce mariage déséquilibré et se met pour objectif secret d’être finalement aimée, mais cela ne sera pas facile car Obame est toujours amoureux de sa première femme. Dans ce triangle amoureux la jeune Awu devra toujours se battre pour exister face à son mari, même après la disparition de la première épouse.
Radiographie de la position de la femme au Gabon :
‘L’histoire d’Awu’ trace un portrait complet de la femme Gabonaise, et dénonce sans appel l’injustice de sa position inférieure et soumise dans le patriarcat traditionnel, et sa réduction au rôle procréateur. Il y a aussi une belle histoire d’amour portée par un triangle amoureux intéressant avec un des personnages, Bella, la première femme, physiquement absente pour la plupart mais tout de même très présente dans l’histoire. Effectivement le livre retracera le passé du premier mariage de Obame Afane, mais le gros de récit se centrera sur le deuxième mariage dans lequel le fantôme de la première femme restera toujours vivant.
Les enjeux du livre sont expliqués clairement dans cette citation qui apparait dans la première partie du livre : « Elle était convaincue que le jour de cette étreinte-là serait le jour de leurs noces véritables. Son mari et elle seraient tous deux libérés. Elle, d’une obsession. Lui, d’un spectre. »
C’est à mon avis un livre intéressant thématiquement mais sans plus à niveau narratif. Il est assez court, et on souhaiterait un peu plus de développement de l’histoire, des personnages et des situations. Les dialogues sont très peu réalistes, transmettant trop directement l’idée que l’écrivaine veut véhiculer sans subtilité. Il y a beaucoup de non-dits, mais quand on dit, on en dit trop. Le style est poétique mais pas forcément profond ou originale. Aussi, la métaphore du point de chainette que Awu tisse le long du roman rate la cible et devient un peu forcée à mon sens.
C’est quand même un bon roman qui se lit facilement, et un bon choix pour cocher la case Gabon si vous êtes en train de faire un challenge de lecture de tous les pays du monde, car le meilleur atout du livre est sans doute sa capacité à nous montrer la réalité quotidienne de ce pays méconnu.
Citation :
« Elle devait déclarer publiquement combien elle avait commis d’adultères et avec qui. Puis elle devait payer une certaine somme par chaque adultère commis. Mais si elle n’avait jamais commis d’adultère, elle devait tout de même payer pour n’avoir pas été une femme désirable, ce qui est aussi une forme de honte pour le mari et le clan. »
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