Littérature des 5 continents : AfriqueAlgérie

La grande maison

Mohamed Dib

(1952)
Langue d’origine : Français
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Tlemcen, Algérie, 1939. Dans la grande maison de Dar Sbitar, quelques familles habitent en petite communauté. Le quotidien est dur pour la famille de notre petit héro, Omar, onze ans. Ils s’entassent dans une seule chambre de la communauté et peinent pour survivre au quotidien, ne jamais mangeant à sa faim. Aîni, la mère d’Omar travaille d’arrachepied sans arriver à donner à manger à ses enfants. Elle maudit la mort de son mari, qui l’a plongée dans une situation terrible. En plus de Omar et les deux filles, Aouicha et Meriem, elle doit aussi donner à manger à sa mère paralytique. C’est le quotidien de milliers de familles dans l’Algérie de l’époque coloniale.

La faim :

Récit avec un très marqué ton documentaire et réaliste, qui décrit avec profusion de détails le dur quotidien de cette famille, marqué inlassablement pour la recherche de nourriture et de quoi apaiser la faim.

La mère, symbole du désespoir, sombre tous les jours un peu plus dans l’impossibilité de survenir aux demandes de sa famille. Son fils, Omar, au contraire, est le porteur d’espoir, il vivra ces durs évènements avec rage mais toujours avec l’idée d’une lumière au fond du tunnel.

La révolution qui se profile à l’horizon, est symbolisée par un des voisins, Hamid Saraj, un jeune homme intelligent qui véhicule des idées communistes et qu’il sera fait prisonnier des autorités de la colonie. Les jalousies, les médisances et l’espionnage entre voisins, mais aussi le partage et les célébrations forment partie du quotidien des habitants de “Dar Sbitar”, composant un portrait caléidoscopique de la société algérienne.

Mais ce qui domine ce court roman est la faim. Sujet principal, presque unique, du livre.

Ce côté réaliste et documentaire, presque sans actions, presque sans personnages et arcs narratifs (Hormis un timide passage à l’âge adulte du jeune Omar), laisse à mon sens un gout de peu de littérature. Souvent la mère se pose la question « Pourquoi la faim ? » « Mais pourquoi sommes-nous pauvres ? », elle voudrait savoir pourquoi sa famille et pas une autre. Mais cette question n’entraine pas des vraies réflexions sur le sujet, la volonté de Dib est claire : on va rester tout le temps dans le réel. Pas de réflexions philosophiques.

Personnellement, j’ai trouvé le livre redondant et pas intéressent littérairement, même si le côté documentaire capte sans doute l’attention. Même pas 180 pages que j’ai eu du mal à finir, malgré que ce dont on parle est sans doute puissant. Une critique sans appel de l’époque du colonialisme français en Algérie.

La grande maison est le premier volume d’une trilogie qui se déroule à Tlemcen, complétée par « L’incendie » (1954) et « Le métier à tisser » (1957).


Citation :

« Aïe ! Ne disons pas, Zina ma chère que nous avons déjeuné. Disons seulement que nous avons trompé la faim, répliqua AÏni. »

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Vous pourriez aussi aimer

Le désastre de la maison des notables

Le désastre de la maison des notables

Tunis, décembre 1935. Zbeïda Raasa la femme de Mohsen, l’ainé de la famille Naifer, reçoit à travers du boulanger une lettre signé Tahar Haddad, un intellectuel féministe qui fut son ancien professeur. Zbeida est suspectée d’adultère, et la maison Naifer se met en émoi. La visite des parents de Raasa n’arrange plus les choses et tout dérape. Les fâcheuses conséquences de cette soirée vont s’étendre pendant des décennies.

read more
Houris

Houris

Aube parle à la fille qui grandit dans son ventre. Victime d’une tentative égorgement pendant la guerre civile, Aube garde des séquelles visibles de ce fait traumatique : Une cicatrice traverse son cou d’oreille à oreille, lui donnant la forme d’un affreux sourire, elle ne peut plus parler et doit respirer à travers d’une canule. En nom de la réconciliation, les lois de l’Algérie ordonnent de taire toute référence à cette guerre qui a secoué le pays pendant la décennie des années 90s.

read more
Call and Response

Call and Response

Recueil de nouvelles centrées sur des liens de famille ou d’amitié, presque toutes protagonisés par des jeunes femmes face aux défis menés par le contraste entre le monde moderne et urbain et l’univers et la culture traditionnels. Les nouvelles sont situées dans des villes comme Gaborone, la capitale du Botswana, ou Serowe, la ville dont l’écrivaine est originaire.

read more
L’Or des femmes

L’Or des femmes

Mavoungou et Bouhoussou se connaissent depuis l’enfance et doucement ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. Malgré ses vingt ans et son manque de possibilités économiques, Mavoungou voudrait demander la belle Bouhoussou en mariage, mais les traditions Vili ne peuvent permettre cette union, et la jeune femme nubile sera promise à un homme beaucoup plus âgé et riche, qui a déjà trois femmes et plusieurs enfants.

read more