(2020)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Histoire intime d’une famille dans le Maroc des années 1950 avec le colonialisme comme à rideau de fond. Mathilde, française alsacienne, et Amine, un soldat marocain, se connaissent à la fin de la deuxième guerre mondiale. Ils se marient et ils s’installent près de Meknés au Maroc. Ce couple mixte va faire face, autant au regard défiant de la communauté qui les entoure, que à leurs propres problèmes d’identité. L’histoire se veut partiellement autobiographique car semble être l’histoire des grands parents de Leila Slimani.
Fresque familiale marocaine :
L’atout le plus intéressent de ce récit est à mon sens, la réflexion sur l’identité culturelle et/ou nationale. Dans le cas de Mathilde, le long du récit on va être témoin d’un désenchantement par rapport à son identité française, sans pour autant, qu’elle puisse se voir comme une marocaine. Amine va se trouver tiraillé entre son intérieur traditionnel marocain qui lui demanderait une épouse musulmane et son amour vrai pour sa femme. C’est là qu’on trouve les meilleurs pages de ce roman.
Malgré le clin d’œil à d’autres sagas de famille du style similaire (Le trilogie du Caire de Naguib Mahfouz vient à l’esprit), le récit est parfois un peu plat, probablement par un côté linéaire assez lisse de la narration. Un évènement, puis un autre puis un autre. On aurait peut-être aimé un autre parti pris plus risqué, un peu comme dans son roman précédant, ‘Chanson Douce’. Dans ce roman (prix Goncourt 2016) la structure du récit était assez éclatée dans le temps, en gardant cependant la logique interne du récit.
La partie plus intéressante stylistiquement est peut-être quand Mathilde s’éclipse du roman, pendant son voyage en France, mais sinon la narration est plutôt unidimensionnelle. Mais ce n’est pas trop grave, ‘Le pays des autres’ est quand même une fresque familiale très bien ficelée. Les personnages sont attachants et bien travaillés, les espaces et ambiances sont très intéressants et l’histoire se dévoile de façon bien rythmée. Le roman se lit avec plaisir et on attend la suite avec impatience (deux autres volets sont prévus, il s’agit d’une trilogie). Mais c’est vrai que, littérairement parlant, on voudrait un peu plus… À suivre.
Citation :
« …elle pensa que c’était le doute qui était néfaste, que c’était le choix qui créait de la douleur et qui rongeait les âmes. Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre »
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