(1984)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Finie la guerre, l’Algérie est un pays indépendent. Pour beaucoup des survivants, retrouver ses morts éparpillés le long de ce vaste territoire, devient une affaire capitale. Des innombrables paysans se lancent dans un pèlerinage interminable à la recherche des ossements des hommes de la famille morts dans la guerre. Parmi eux, notre jeune narrateur part à la recherche des restes de son frère, mais sans y trouver vraiment du sens, car justement son frère était parti à la guerre pour échapper à une ennuyante et misérable vie dans leur bled. Le ramener pour l’enterrer dans le village ne serait pas une trahison à sa mémoire ?
Faut-il ramener à la maison celui qui était parti pour ne plus jamais revenir ? :
‘Les chercheurs d’os’ est un livre intéressant, qui a un vrai sujet et propose une vraie réflexion sur le thème du souhait de partir pour échapper au destin. Mais parfois il y a trop des digressions, des redondances, et la structure est un peu trop chaotique, du coup le livre laisse une sensation mitigée, car le résultat n’est pas à la hauteur de la proposition initiale. Le sujet s’y prêtait à une œuvre plus aboutie et solide.
Il y a quand même une belle réflexion qui est motivée par ce double souhait de partir. D’un côté, le frère du narrateur est parti à la guerre clairement pour échapper à une vie monotone et sans espoir dans le village. D’un autre côté, le narrateur doit le ramener à la maison trahissant ce souhait intime, et il entamera à son tour un voyage initiatique, il comprendra que lui aussi cherche à s’échapper du village et de la vie pénible qui est toute tracée devant lui. Le retour du frère mort marquera en quelque sorte le départ du frère qui est reste vivant.
Lors du périple de notre narrateur sur le territoire Algérien, on nous montrera la façon de penser de la société et son état d’esprit après la guerre d’Indépendance. Dans ce moment clé de l’histoire de ce pays, l’espoir d’un monde meilleur côtoie la dure réalité du quotidien. Le tout se mélange dans le récit avec les remembrances de l’enfance du narrateur. Avec un style simple mais beau, teint de mélancolie et nostalgie, Tahar Djaout nous propose un voyage autant physique qu’initiatique à travers un pays en pleine mutation, dans lequel la destination n’est pas aussi importante que le voyage lui-même.
Beau même si pas complètement abouti.
Citation :
“Le soleil installe ses feux sur les collines. Nous reprenons notre route vers d’autres chaleurs et d’autres transes. Les os de mon frère nous attendent comme un trésor, enfouis parmi d’autres cadavres héroïques sur lesquelles pullulent les oraisons et les louanges comme les vers que la charogne attire »
0 Comments