Littérature des 5 continents : AfriqueAlgérie

L’étranger

Albert Camus

(1942)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Meursault veille le corps de sa mère, morte « peut-être » hier. Son détachement et sa réserve de sentiments, vont être le prélude d’une certaine étrangeté, une absence d’émotion et réaction face aux évènements dans lesquelles il va se trouver impliqué. Comme si rien n’allait avec lui, comme si tout se produisait à la périphérie de lui-même.

Faites comme si je n’étais pas là :

Quoi d’autre on peut dire de ‘L’étranger’ ?

Meursault est le narrateur en première personne de ce récit. Première personne avec laquelle nous êtes impossible d’empathiser, par le propre manque d’empathie de ce même narrateur. On va juger Meursault (dans le récit autant que dans la lecture) pas pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il n’a pas ressenti. C’est simple comme procédé, mais au même temps très étrange. On le juge pour son indifférence, quand en réalité il s’agit d’absence. Certains lecteurs situent Mersault quelque part dans un spectre autistique, un fait jamais évoqué clairement dans le livre, mais qui pourrait justifier certaines de ses réactions. À réfléchir, même si je préfère expliquer moins le personnage et lui donner une valeur plus symbolique.

Pour le reste, je ne veux pas vous parler de l’absurde, de l’existentialisme ni de la condition humaine. À nouveau je laisse Camus faire le travail : « Ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. »

J’en suis à ma deuxième lecture et certainement pas la dernière, même si je ne partage pas complétement l’engouement absolu par cette œuvre qui semble toucher l’élite intellectuelle française (et internationale). Il y a quand même un détail qui dérange : l’absence de vrais personnages algériens arabes. Même constat dans ‘La peste’. On a beaucoup écrit sur le sujet, en justifiant ce choix, surtout depuis la perspective du contexte de l’Algérie en 1947, quand le roman a été écrit, mais je reste quand même perplexe. Le personnage qui précipite la chute de Meursault n’a même pas de nom. L’arabe, c’est tout. On l’abandonne à sa mort dans une plage sans avoir pris le temps de lui donner une identité. À ce propos, le roman ‘Meursault, contre-enquête’, écrit par l’algérien Kamel Daoud, remet les choses en place 70 années plus tard, en racontant l’histoire du point de vue du frère de ‘l’arabe’.


Citation :

« Aujourd’hui maman est morte, ou peut-être hier, je ne sais pas »

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