(2002)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Dans celle qui donne titre au livre, un homme mur, mentalement perturbé, retrouve une petite, sa fille, et lui ordonne gentiment d’aller avec lui. Le village est en émoi car les agissements du fou sont imprévisibles, il aurait tué plusieurs personnes et la petite fille pourrait être en danger. Sauf que toutes les actions qu’on entreprend contre le fou finissent par échouer.
Folie dantesque Béninoise :
Les nouvelles de Couao-Zotti ne sont pas pour tout le monde, ni pour tous les goûts. Notamment par son côté scabreux, très osé, bien au-delà de la limite du grotesque et du morbide. Et cela dès le départ : La première nouvelle ‘Ci-gît ma passion’ commence par une scène de nécrophilie absolument ahurissante, la première phrase étant « L’homme dénuda le cadavre », voilà une entrée qui marque le ton. Si après ce premier avant-goût vous voulez toujours continuer, soyez prévenus, le reste de nouvelles suivent ce ton décharné et bestial, comme en témoigne la citation choisie (voir plus bas).
Les personnages sont souvent très à la marge (gamins abandonnés, fous, artistes de rue, mal-traiteurs jaloux, prostitués), les sujets souvent glauques (Viols, meurtres, cadavres, scatologie, harcèlement, maltraitance, déshumanisation, violence quotidienne), et la réflexion tourne autour du côté animal qui cohabite avec l’humain. Une touche de réalisme magique, mélangé avec du Vaudou façon Afrique, finit pour composer un ensemble de nouvelles assez étrange et détonnant.
Malgré ce contenu perturbateur, qui semble vraiment authentique et pas le résultat d’une démarche provocatrice, le style est plutôt élégant, et, grâce à un sens de l’humour assez particulier, cette folie se lit très facilement. Les dernières quatre histoires ont un ton moins sombre et sont peut-être plus accessibles, même si on sera toujours dans la rue, au milieu d’un quotidien plutôt dantesque. Ma nouvelle favorite serait ‘Le rire du Nombril’, dans lequel une artiste de rue, dévoile une danse du nombril capable de provoquer l’émoi chez les spectateurs.
Ce recueil, même si bien écrit, ne m’a pas forcément transcendé.
Citation :
« Lentement, je présentai le cadavre au groupe. Tous s’approchèrent, le prirent, chacun son tour. L’enfant n’avait point été déshabillé. Il était toujours dans son caleçon humide d’urines et des coulées diarrhéiques, barbouillé de morve et de vomissures. » (Nouvelle ‘Présumée sorcière’)
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