Littérature des 5 continents : AfriqueAlgérie

Mersault, contre-enquête

Kamel Daoud

(2013)
Langue d’origine : Français
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Dans un bar, un vieillard tourmenté raconte l’histoire de sa vie, et notamment l’assassinat de son frère, Moussa, fait qui avait traumatisé lui et sa mère plus de 50 ans auparavant. Le narrateur n’est autre que le frère de ‘Arabe’, le personnage tué par Meursault dans ’L’Étranger’ de Camus. Ce récit raconte la version des faits depuis le point de vue du frère de la victime.

Dans les coulisses de ‘L’étranger’ :

Dans ‘L’étranger’, comme dans ses autres romans, Camus ne cède pas la parole aux personnages algériens arabes. La victime de Meursault n’a même pas de nom, c’est juste l’Arabe. Cependant le personnage joue un rôle clé dans l’intrigue de Camus. Kamel Daoud se propose de combler ce manque en attribuant un nom à la victime et en développant son côté de l’histoire.

La mort de Moussa, ‘l’Arabe’, laisse son frère Haroun et sa mère dans une situation dramatique qu’ils n’arriveront jamais à surmonter, hantés par l’absence de réponses. Pourquoi Moussa a été tué ? Et pourquoi son nom a été ignoré ? ‘Meursault, contre-enquête’ interpelle directement le roman de Camus, comme si ‘L’étranger’ fut un récit véridique des faits avec des personnages qui ont existé.

Ce pari invraisemblable semble avoir conquis une partie de la critique et beaucoup de lecteurs, mais personnellement m’a laissé froid. Le récit peine à exister ailleurs que comme miroir de ‘L’étranger’, je ne lui ai pas trouvé une entité propre. Les ficelles qui relient les deux romans sont tirés une fois et une autre, dans un ensemble assez répétitif qui a usé toute sa réflexion dès les premières 60 pages. Le reste du roman fait du surplace avec quelques rebondissements forcés et inutiles.

Le langage et le style sont beaux, mais le roman n’est finalement pas aussi profond qu’il n’en a pas l’air. Reste une réflexion intéressante sur les humiliations de la France coloniale, au point qu’on n’est pas sur si le roman est un hommage ou une espèce de revanche par rapport au livre de Camus. À vrai dire, à un moment donné j’ai perdu l’intérêt. Je ne suis pas le plus fervent admirateur de ‘L’étranger’ donc peut-être ceci explique cela.

Prix Goncourt premier roman 2015.


Citation :

« Aujourd’hui, M’ma est encore vivante. Elle ne dit plus rien, mais elle pourrait raconter bien des choses. Contrairement à moi, qui, à force de ressasser cette histoire, ne s’en souviens presque plus. »

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