Littérature des 5 continents : AfriqueNigeria

Sous les branches de l’udala

Chinelo Okparanta

(Under the Udala Trees, 2016)
Traduction : Carine Chichereau. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

La guerre de Biafra a fait sombrer le Nigéria dans la dévastation. La jeune Ijeoma est envoyée par sa mère chez des proches, un instituteur et sa femme, tous Igbo comme Ijeoma. Ce couple héberge aussi une autre jeune fille d’une autre ethnie et religion, Amina, jeune femme haoussa, aussi déplacée par la guerre. Ijeoma et Amina tombent amoureuses, mais au Nigéria l’amour entre femmes est inimaginable, illégal et très dangereux à cause de l’homophobie régnante. Les jeunes filles devront réfléchir à accepter leur condition et vivre dans la clandestinité ou essayer de s’adapter et chercher un mari.

L’amour entre femmes au Nigéria :

Ce roman d’apprentissage suit la vie de la jeune Ijeoma, tiraillée entre la pression de sa mère pour trouver très vite un mari, et sa condition de lesbienne. Incapable de refouler ses sentiments, la jeune femme tombera amoureuse d’abord d’Amina et puis de Ndidi. Chacune de ces trois jeunes filles aura une façon différente d’évoluer et de faire face aux possibilités restreintes que le Nigéria prévoit pour des femmes lesbiennes.

Les hommes sont relativement absents de la narration, le récit se centrant principalement sur la condition féminine et les difficultés que ces jeunes femmes doivent affronter. Comme personnage masculin, seulement sera dessiné Chibundu, figure tragique qui souffrira comme Ijeoma les conséquences d’une société ancrée sur des préjugés et lestée par le poids de la tradition. Mais peu importe la détresse de cet homme, la position de la femme sera toujours plus vulnérable. Okparanta prend clairement parti pour la cause féminine, soulignant le besoin de continuer à lutter inlassablement contre l’homophobie et le sexisme.

Under the Udala trees’ ne cache pas le côté le plus sombre et tragique de l’homophobie, présentant un univers très dur pour les femmes et encore plus dur pour les femmes lesbiennes. Malgré cela, Okparanta essaie de montrer qu’il y a toujours une lumière au final du tunnel, qu’un futur est possible, grâce à l’amour. L’histoire de Ijeoma s’érige donc en métaphore d’un pays qui doit évoluer vers l’avenir et dépasser ses préjugés pour entrer dans une époque plus lumineuse, considérée avec les différends ethnique et religieux, ouverte aux droits des femmes, et respectueuse de la communauté LBGTQ+.

Littérairement le récit ne propose rien d’exceptionnel, mais c’est très beau. La narration se tient, les personnages sont très attachants, c’est bien écrit et l’histoire est émouvante. C’est une belle radiographie de la réalité des femmes lesbiennes au Nigéria et le chemin qui reste encore.


Citation :

« C’est un homme bien, et tu seras heureuse, j’en suis sûre. La vie auprès d’un homme est difficile. Mais la vie sans un homme, c’est encore pire. Et je sais de quoi je parle. »

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