(The giver of nicknames, 2020)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐
Ce que raconte cette courte nouvelle :
Dans une ville en Namibie, un jeune lycéen a l’habitude de donner de sobriquets à ses camarades. Il raconte à tour de rôle l’histoire des surnoms prêtés aux trois Donavans qui ont rejoint son lycée. Donovan Mitchell deviendra ‘Donnie Blanco’, Donovan Manyika deviendra ‘Donnie Darko, et Donovan Latrell sera tout simplement ‘Fatty’. Un quatrième Donovan interviendra plus tard, le professeur Mr D.
Les quatre Donovans et le harcèlement :
‘The giver of NIcknames’ (quelque chose comme ‘Celui qui prête les surnoms’) est une courte nouvelle assez comique et pleine d’autodérision, qui a une acuité et profondeur remarquables sur les sujets traités. Notre protagoniste, une sorte de Holden Caulfield (‘L’attrape-cœurs’) namibien, a aussi un surnom, ‘Onion Marks’, déformation de ‘On your marks’ en lien aux courses d’athlétisme qui gagne aisément. Mais le récit se centre plutôt dans les trois Donovans qui seront opposés à lui, chacun à sa façon, proposant une réflexion sur le harcèlement et les différents mécanismes de réaction possibles.
Ses trois victimes nommées Donovan se succèdent en ordre chronologique : Donovan Mitchell (‘Donnie Blanco’) est un fils de riches, qui profite de ses privilèges pour s’en tirer de toute situation, ce qui provoquera l’inimitié du narrateur. Donovan Manyika (‘Donnie Darko’) est un garçon d’origine Zimbabwéenne qui tout au contraire, doit faire en permanence ses épreuves. Très vite s’installe comme le meilleur élève autant à niveau d’études, comme de sport, comme à niveau morale. Le troisième Donovan, Donovan Latrell, vient des États-Unis et insistera à être traité comme afro-américain et pas comme ‘black’, ce que ne manquera pas de créer les railleries des camarades. Le narrateur finira par décliner son sobriquet ‘Fatty’ avec des conséquences désastreuses.
Belle réflexion sur la cruauté involontaire résultat d’une ambiance peu éveillé sur le harcèlement et la justice au sein des établissements scolaires. Les thèmes du racisme et des inégalités entre classes sociales sont traités avec sensibilité et finesse. Le récit se déroule à la première personne (avec un narrateur centré sur lui-même et sa supposée exceptionnalité) avec un subtil virage à la deuxième personne (le narrateur se projette comme un lycéen de plus) au moment où le deuxième Donovan prend le devant à tous les niveaux.
En 2021 la nouvelle ‘The Giver of Nicknames’ fut shortlistée pour le prestigieux prix AKO Caine, réservé à des courtes nouvelles publiées en anglais par des auteurs africains.
Citation :
« Arrivé en troisième grade, je ne me faisais pas facilement des amis. Je ne parlais pas Anglais, Afrikaans ou Allemand. On m’évitait. Les deux premières semaines furent infernales. Pas de Kinyarwanda, pas de Swahili, même pas un tout petit brin de Français – dans chaque classe j’étais entouré d’un bruit inintelligible. J’étais une orchidée tropicale dans le pays des welwitschias. » (Traduction improvisée)
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