(The street boy, 2011)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Octobre 1992. Kono, village enclavé dans une région très riche en diamants de l’Est de Sierra Leone. L’incursion des forces armées du RUF dans le village de la famille Foday finira dans un massacre, un bain de sang d’une violence intolérable. Les survivants de la famille Foday et tous ceux qui réussissent à s’échapper à la cruauté des attaquants, entament la voie de l’exil. Après un périple de presque un mois, ils seront accueillis dans des campements de réfugiés en Guinée-Conakry. Le plus petit des Foday, Musa, se retrouvera dans la rue, incommuniqué de sa famille. Il commence pour lui une vie axée sur la simple survie, dans un pays plongé dans le chaos d’un conflit qui semble interminable.
Enfant de la rue :
‘The street boy’ est écrit dans un langage simple et direct, sans aucun parti pris littéraire ou prétention stylistique, mis à part expliquer les faits qui composent le roman. C’est un récit poignant même si, d’un point de vue strictement littéraire, cela n’est pas forcément très intéressant. Les faits se succèdent comme dans un documentaire, parfois d’une façon assez factuelle, sans rythme délibéré. Les personnages n’ont pas énormément d’arêtes ni de développement, et le déroulement de l’intrigue, notamment son tiers final, est assez convenu et rempli de coïncidences invraisemblables. Malgré ces facilités de construction et certaines ficelles trop grossières, notamment vers le dénouement, la narration se tient principalement par le contenu, qui est fort et marquant, et par l’authenticité du récit.
Dès le premier chapitre le ton est donné : On décrit une incursion des rebelles du RUF (Revolutionary united front) en territoire de Sierra Leone, pour violer, amputer et massacrer des milliers de paysans, c’est dur, très dur et cru. L’horrible crime qui touche la famille du jeune enfant Musa laissera un traumatisme difficile de surmonter. Le roman petit à petit vire au Bildungsroman ou roman d’apprentissage : Le jeune enfant Musa vivra une existence très complexe, et fera son éducation dans la rue, passant de l’enfance à l’âge adulte, sous la menace permanente du conflit armé.
La guerre civile et les faits historiques qui servent de toile de fond de la narration sont immiscés dans le récit, ou bien décrits directement dans quelques chapitres pédagogiques qui expliquent les tenants et aboutissants du conflit. Du coup même sans vous documenter sur le contexte historique, vous pourrez suivre le roman et apprendre beaucoup sur cette étape noire de l’histoire de ce pays très méconnu.
La guerre civile en Sierra Leone s’étend entre 1991 et 2002, et commence par l’entrée en Sierra Leone du RUF, un groupe armée libérien allié de Charles Taylor, opposant rebelle au régime en pouvoir à Liberia et futur président de ce pays. Le contrôle des mines de diamants est bien sûr l’objectif finale de ce conflit car ces richesses sont convoitées de tous les côtés. Le libérien Charles Taylor envisage de contrôler la production de diamants pour pouvoir financer son combat au Libéria. Cette extension du conflit libérien en territoire sierra-léonais est probablement le déclencheur principal de la guerre civile en Sierra Leone, qui finit avec un bilan de plus de cent mille morts.
Mis à part ces grands évènements historiques, le récit se centre principalement sur le drame humain de la famille de Musa et son éclatement forcée, l’exil des survivants dans des campements de réfugiés en Guinée Conakry, les difficultés de la vie dans ces camps, la corruption des institutions, la vie des enfants de rue, l’adoption, et le rêve d’un regroupement des membres dispersés de la famille. Sujets forts et intéressants qui auraient pu donner un livre absolument magnifique si le projet avait bénéficié d’un peu plus d’ambition littéraire.
À ce jour (2022) aucune traduction française de ce titre n’est connue.
Citation :
« Pleurer ne nous mènera nulle part. Cela peut même exacerber la situation critique dans laquelle on se trouve. » (Traduction improvisée)
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