(1977)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Moulapa, une tortue de plus de deux-cents ans remémore l’histoire des Seychelles, filtrée à travers les yeux de son espèce. Grace à la mémoire ancestrale et à la tradition oral de peuple chélonien, la vieille tortue remonte jusqu’aux origines des îles, lors de la formation des continents. Après multiples péripéties géologiques, les tortues s’installent de façon stable à Tertérougelle, où elles mèneront une existence idyllique pendant des milliers d’années. L’équilibre naturel de ce magnifique archipel sera mis en danger par l’arrivée des premiers hommes, avec leur égoïsme, leur obsession avec le profit et leur manque de conscience écologique.
Fable animalière avec histoire écologique des Seychelles :
Les tortues du roman forment la plus vieille société de la planète, et elles y ont vécu en parfait équilibre et communion avec la nature, pendant des milliers d’années. L’écrivain utilise les tortues comme à métaphore de l’archipel lui-même, et oppose cette image idyllique de concorde et respect contre le monde impitoyable et toxique des humains.
Le récit est sans nuance : Les humains sont épouvantables, il faut les éviter car ils détruisent tout, à commencer par eux-mêmes. Le récit ne manque pas d’imagination, mais devient très vite redondant car les tortues voient les hommes comme des êtres tellement inférieurs que la narration s’enferme dans cette idée sans en arriver à la déployer plus. C’est évident que les tortues ne comprennent pas comment les humains raisonnent, et préfèrent penser qu’ils ne pensent pas. Cette naïveté finit par se refiler au récit et le fait tourner en rond assez vite. Le message écologique peut devenir lassant par son simplisme et manque de finesse.
Malgré que le récit soit censé traverser l’histoire des îles, en réalité cela reste plus dans un stade mythologique, et je n’ai pas appris grand-chose sur la société et l’histoire Seychelloises. C’est un livre sympathique rempli de bonnes intentions, mais littérairement parlant, cela ne va vraiment pas trop loin.
Citation :
« À l’échelle des valeurs tortuesques, c’était, pour le moins, étrange de constater comment se comportaient des êtres soi-disant doués d’une intelligence supérieure à la nôtre. Tout ce qu’ils faisaient, ils le faisaient de travers. (…) Voilà pourquoi les premiers efforts des colons dans ce pays de cocagne furent truffés de difficultés et que beaucoup d’entre eux perdirent tout esprit d’initiative. Leur vie s’émoussait entre le goulot de la calebasse et les risques et les défis sans nombre qu’ils se lançaient les uns aux autres. »
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