Littérature des 5 continents : AfriqueCongo-Brazzaville (R.C)

Verre cassé

Alain Mabanckou

(2005)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

‘L’Escargot Entêté’ est le patron d’un bar de Brazzaville nommé ‘Le crédit a voyagé’, fréquenté par une multitude de personnages hauts en couleur. L’Escargot Entêté va demander à ‘Verre Cassé’, un des clients le plus fidèles, d’écrire un livre sur les habitués du bar.

La cour des miracles :

Verre Cassé repasse donc la clientèle du bar, lui inclus, dans une sorte de journal de bord. Dans un registre similaire à ‘La Ruche’ de Camilo José Cela, on va être témoin de la vie de toute cette troupe de déclassés, de laissés pour compte, parfois de bons à rien. Unis dans la consommation d’alcool, cette bande de déchus aux surnoms improbables, va prendre vie grâce au style décapant de Mabanckou.

Malgré que on parle pour la plupart des gens à peine lettrés et peu enclins à philosopher, les références constantes à la littérature internationale (Dostoïevski, Cohen, Hemingway, Salinger), bien que ne rajoutent pas plus de profondeur au récit, nous installent dans un niveau plus littéraire, plus dans la réflexion. Ce n’est pas un récit sans queue ni tête comme on pourrait penser initialement.

Le style est frappant. Il s’agit en réalité, d’une seule phrase. Pas de points, pas de Majuscules ; Cela contribue à créer cette idée de cahier manuscrit improvisé. Mabanckou lui-même le souligne dans un paragraphe du roman : « c’est vraiment le désordre dans ce cahier, y a pas de points, y a que de virgules et des virgules, parfois de guillemets quand les gens parlent, c’est pas normal, tu dois mettre ça au propre ».

Le langage est sans langue des bois, on sent la vérité crasseuse dans chaque page. Les métaphores ont l’air d’être improvisés entre deux verres d’alcool (exemple : « un mensonge gros comme une résidence secondaire d’un dictateur africain »). L’humour est grinçant et jamais dans la demi-mesure (Comme par exemple, la compétition de pisse dans une ruelle attenante au bar, qui devient une des séquences le plus crues et, au même temps, hilarantes du roman). Le tout est solidifié par un regard de profonde tendresse porté sur les sujets traités.


Citation :

« Est-ce que tu as déjà vu un soûlard dire qu’il a bu, hein, jamais de la vie. »

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