Littérature des 5 continents : AmériqueVenezuela

Blue label/Etiqueta azul

Eduardo Sánchez Rugeles

(Blue label/Etiqueta azul, 2010)
Traduction :   Pas connue.   Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Eugenia Blanc est une adolescente de 17 ans, en proie à ses crises et ses démons, qui souhaite fuir autant sa propre famille dysfonctionnelle, que le Venezuela, alors en plein chaos. Avec l’idée de rencontrer son grand-père français et obtenir des documents qui lui permettraient de demander un visa pour la France, Eugenia, accompagné par deux amis, part dans un road trip un peu fou. Aromatisé par des tonnes de Whisky Blue Label, et bercé par la musique de Bob Dylan, ce voyage initiatique mettra Eugenia face à ses contradictions.

Bildungsroman avec crise d’adolescence sous l’alcool :

Bon roman même si un peu irrégulier : La première moitié est assez ennuyante et chaotique, avec une adolescente en mal de vivre, qui méprise absolument tout le monde, s’ennuie à mourir, n’éprouve aucun intérêt pour rien, et qui n’en peut plus de sa famille complétement dysfonctionnelle, traumatisée par la crise entre ses parents et la mort de son frère Daniel. Eugenia est ennuyante. Même si cette longue partie de présentation est partiellement justifiée par l’évolution postérieure du personnage, cela traine et se disperse avec des multitudes de personnages, des soirées plus ou moins alcoolisés et situations banales et/ou loufoques, dans un ensemble bien écrit mais finalement superficiel.

Cependant, dans la deuxième partie (la partie road trip), la structure se concrétise, la lumière se concentre sur les trois personnages principaux, qui du coup vont se développer plus et amener de la profondeur au récit. L’action devient plus ciblée et intéressante, et le conflit mène à une bonne réflexion. Entre références musicales constantes et les vapeurs des trois boîtes d’alcool Blue Label qui nos amis ont subtilisé dans un de ses arrêts, la fiat Fiorino mènera nos amis vers une destinée inattendue. Eugenia Blanc va prendre de plein fouet la vie adulte qu’elle essayait d’échapper.

Le personnage d’Eugenia est aussi une métaphore d’un pays en quête de soi-même, incapable de se ressaisir et sabordé par lui-même. Probablement ce roman peut nous faire comprendre en bonne partie ce jeunesse vénézuélienne, marquée par le désespoir et la manque de perspectives de futur. 

Le style de Sánchez Rugeles est relativement recherché quand c’est la narratrice qui parle à la première personne, mais par contre les dialogues (insérés dans la narration dans un continuum) sont en langage cru et même souvent vulgaire, avec argot et tournures vénézuéliennes (parfois difficiles pour un lecteur espagnol comme moi), contribuant au réalisme des rapports entre les personnages. Le livre inclut souvent séquences en parallèle entre le présent et le passé récent, ce qui donne un air très cinématographique à la narration.

Intéressant roman, récipiendaire de plusieurs prix, qui aurait été plus abouti avec une phase de présentation plus courte. Le roman fini d’une façon beaucoup plus solide qu’on n’aurait cru au départ.


Citations :

« Il y a une idée qui me provoque une fascination morbide : le suicide. J’aime remplir mon sac d’explosif imaginaires et regarder mon corps, brodé de nitroglycérine, éclater en mille morceaux dans les couloirs du lycée. »

 

« Pourquoi ça devrait m’importer que tu vailles que dalle ? et qui vaut quelque chose ? »

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