(Los de abajo, 1916)
Traduction : Albert Bensoussan. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Dans le contexte de la révolution mexicaine, en échappant des fédéraux suite à un conflit qui l’affronte avec le propriétaire des terres, Demetrio Macias, un paysan pauvre, se situera dans la marge, s’érigeant en tête visible d’un groupe des gens qui s’opposent à l’oppression des propriétaires. C’est le germe d’une faction de la révolution. Demetrio devient un héros de la révolution presque malgré lui.
Désenchantement révolutionnaire :
Le titre nous anticipe ce combat qui apparaît dans le roman, ceux des pauvres contre les riches, les illettrés contre les instruits, les oppressés face aux oppresseurs. Il y a quelques séquences d’action aux airs épiques, comme cette embuscade dans laquelle ils tuent un nombre incalculable de fédéraux, mais Mariano Azuela s’intéresse plutôt à des séquences plus calmes, où on va pouvoir développer les personnages et ses relations.
Des misérables, des déchus de la société, des laissés pour compte, des bons à rien, des alcooliques et des violents, le groupe de Demetrio est très hétéroclite. On va vite comprendre que la teneur psychologique de ces révolutionnaires n’est pas trop éclairée, et que les vanités humaines prennent le dessus dans tous les cas : Les idéaux révolutionnaires du groupe ne sont pas trop profonds en réalité. Pour certains, la révolution n’est que le plaisir de zigouiller quelques fédéraux.
La présence de l’étudiant Luis Cervantes relève l’intérêt du récit. C’est le contrepoint de Macias. La raison face au cœur. Cervantes a rejoint la révolution par des vrais convictions. Il sait les raisons de la lutte et il a réfléchit à la suite des évènements. Il a un plan. Demetrio, au contraire il faisait ça pour son pays, mais un fois la révolution entamée, il ne sait plus pourquoi il se bat, et ne comprend pas la transcendance des décisions qui doit prendre.
La rivalité naissante entre Villa et Carranza, les deux têtes visibles de la révolution, déroute encore plus Demetrio et ses suiveurs. Ils ne sont pas là pour se poser des questions existentialistes, ils ont fait la révolution et c’est tout. Choisir un champ ou un autre ne les intéresse pas. Mais ils commencent à comprendre qu’ils ont enlève des oppresseurs du pouvoir pour remettre des nouveaux oppresseurs à leur place, et que, quel qu’il soit le destin de la révolution, le pauvre continuera à être exploité (Voir citation ci-dessous).
Le roman est littérairement intéressant, notamment par le portrait d’un groupe des personnages dans la marge, mais par moments il reste pas loin du simple récit des faits. Roman réaliste, étrange et pessimiste, ‘Ceux d’en bas’ reste un témoignage précieux d’une époque et d’un conflit.
Citation :
« Villa ? … Obregón ? … Carranza ? … X… Y… Z… ! Qu’est-ce que je m’en fous ? J’aime la révolution com j’aime le volcan qui entre en éruption ! Au volcan parce qu’il est volcan !… Mais les pierres qui restent au-dessus ou au-dessous après le cataclysme… Quelle importance ont-elles à mes yeux ? » (Traduction improvisée)
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