Littérature des 5 continents : AmériqueBolivie

Desencuentros

Edmundo Paz Soldán

(Desencuentros, 2004)
Traduction :   Pas connue.   Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce recueil de micro-récits :

Cet ensemble de contes très courts, rassemble deux volumes : ‘Las máscaras de la nada’ (1990) et ‘Desapariciones’ (1994), qui représentent le début de Paz Soldán dans le panorama littéraire international.

Plus c’est court, mieux c’est ? :

Collection de contes très brefs, la plupart d’une seule page, dans lesquels il y a quand même une histoire complète : Il y a une présentation, un nœud et une fin ou une chute inattendue. Le très bref récit fut populaire à une époque en Amérique latine, le guatémaltèque Monterroso, en fit sa spécialité avec ses très courtes fables, notamment celle qui fut considérée pendant des années comme le conte le plus court de la littérature universelle, ‘Le dinosaure’ : “Quand il se réveilla, le dinosaure était toujours là.

Mais Paz Soldán se trouve plus près de la subtilité de Cortazar que de Monterroso et ses anecdotes simples et paradoxes sympathiques. Avec un langage riche et un style recherché mais très accessible, Paz Soldán va beaucoup plus loin, dans un ensemble qui réfléchit sur l’être humain face à soi-même et ses contradictions. Le sarcasme et l’humour noir accompagnent le quotidien de ces personnages désorientés, incapables de comprendre ce monde complexe dont ils ne peuvent pas s’échapper.

Parfois placés géographiquement en Bolivie, parfois aux Etats-Unis, parfois dans des endroits indéterminés, ces micro-récits sont souvent groupés par des rafales de 7 ou 8 contes centrés sur des sujets similaires, comme la rupture dans un couple, des catastrophes à l’échelle de la ville, ou la perte de la mémoire. L’ensemble reste quand même assez décousu malgré la récurrence de certains thèmes (la solitude, les obsessions, l’incommunication), l’originalité stylistique, et l’évident talent de son auteur.

J’avoue que je ne suis pas fan de nouvelles en général (Trop d’investissement pour peu de développement), et encore moins du conte très court, mais il faut admettre qu’ici Paz Soldán maîtrise les sujets et, en quelque paragraphes, offre tout un bon lot de mystères et surprises, avec un résultat assez fascinant pour le peu d’éléments évoqués dans chaque histoire. Mon conte favori est, cependant, un des plus longs (environ 6 pages), titré ‘Faulkner’, sur l’incommunication entre un père et son fils lors d’un voyage en voiture.

Desencuentros’ peut se traduire en français par désaccord, ou différend, mais ici le sens renvoie plutôt à des êtres humains qui n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente commun, et ils se retrouvent isolés dans leur incapacité à communiquer (Voir citation).


Citation :

« Il pensa, que s’il était sûr de quelque chose, c’était de ne pas être le coupable de l’éloignement. Il se rappela la rencontre à l’aéroport, l’étreinte frugale, les mots éparses, il se rappela des deux jours suivants jusqu’au aujourd’hui, le retour de cette sensation, de l’imminence d’une communication qui avait toujours à chaque rencontre avec son père : Communication qui très peu des fois se réalisait : En générale, ils étaient régis par l’insaisissable, les mots n’étaient pas prononcés, les sentiments n’étaient pas exprimés. » (Conte ‘Faulkner’)

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