(Ficciones, 1951)
Traduction : P. Verdevoye et N. Ibarra. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Recueil de nouvelles qui versent principalement sur le genre fantastique mais avec une approche philosophique et érudite. Le recueil est divisé en deux parties : ‘Le Jardin aux sentiers qui bifurquent’ et ‘Artifices’.
Érudition barbante :
Autant le dire de suite. Ce chef d’œuvre sera barbant pour une bonne partie des lecteurs, dont moi. Ce n’est qu’un avis, et probablement certains studieux, universitaires et en général lecteurs plus intellectuels que moi seront complétement en désaccord, conquis par la prose Borgésienne, mais croyez-moi, pour le lecteur lambda que je représente, ce n’est pas la peine d’essayer. Ici la philosophie n’est pas véhiculée d’une façon accessible, à la Tolstoï par exemple, sinon d’une façon érudite assumée, complétement intellectuel, à la limite de la thèse doctorale. L’autodérision de Borges est intéressante, car pour la plupart, ces références érudites sont complétement improvisées et n’ont aucun rapport avec la réalité. Le résultat est un livre intelligent et génial certes, mais que beaucoup vont trouver impénétrable, voir insupportable.
Ces histoires, qui à ma surprise n’ont pas de liens de connexion ni unité stylistique qui justifient un traitement global de l’œuvre ‘Fictions’, mettent au centre du récit littéraire un univers endogamique d’érudition, inventé par Borges. Les obscures références littéraires et historiques sont constantes, la métaphysique et les labyrinthes psychologiques de ses personnages vont désarmer les lecteurs le plus volontaires. La réflexion prend toute la place à l’émotion. L’impénétrable est roi. Autour de ces idées philosophiques et de son côté incroyablement prétentieux, ces courts récits deviennent, malgré leur maigre nombre de pages, soporifiques. Souhaiter qu’une nouvelle de 4 pages finisse avant de finir la première, pari gagné pour Borges.
Les mises en abyme sont très répétitives et souvent inutiles. Les introductions doctes sont vides et interminables. Les phrases sont très alambiquées et remplies de références insaisissables. C’est dense et opaque. Je conseille d’abandonner de suite si vous ne vous trouvez pas, car cela ne va pas s’améliorer à aucun moment. Pour compliquer davantage la tâche ardue de la lecture, les personnages ne génèrent aucune empathie, car ne sont pas décrits en soi, il n’y a pas vraiment de caractères différenciés, les personnages Borgésiens, sont des simples véhicules pour la réflexion.
Point important : Pas besoin de vous dire « C’est la traduction ». Non, l’originale espagnol est tout aussi cryptique, et tout aussi dépourvu d’émotion. Je ne peux même plus dire que «je ne l’ai pas lu au bon moment » ou « Je laisserai reposer ce livre pour le reprendre plus tard », car j’ai entamé ‘Ficciones’ à trois reprises. La première, à environ 30 années d’âge, livre abandonné assez vite avec regret. La deuxième, à 40, qui m’a permis de lire le premier recueil (‘Le Jardin aux sentiers qui bifurquent’) après des efforts considérables et aucun plaisir de lecture. Puis, la troisième, à 50 ans, qui m’a mené à lire la deuxième partie, ‘Artifices’, et donc m’a permis de finir ce recueil, de fermer ce livre et de renoncer à relire Borges à tout jamais, et cette fois sans aucun regret.
Citation :
« Je soupçonne cependant qu’il n’était pas très capable de penser. Penser c’est oublier les différences, c’est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes il n’y avait que des détails, presque immédiats. »
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