(Huasipungo, 1934)
Traduction : Georges Pillement. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Équateur au début du XXe siècle. Les huasipungos, sont des communautés d’indigènes qui travaillent la terre des grands propriétaires blancs. Alfonso Pereira est un latifundiste terrien qui arrive dans la région, pour gérer et organiser ses terres et le travail des indiens en vue à un potentiel repreneur américain. Les reformes vont épuiser les hommes des huasipungos et les conditions de vie vont se dégrader jusqu’à extrêmes de grand cruauté, avec la complicité de l’Église et l’armée.
Dénonciation de l’esclavage des ouvriers dans les huasipungos :
‘Huasipungo’ est un des romans de référence de la littérature indigéniste, courant littéraire qui s’attache à décrire la réalité quotidienne et les souffrances des peuples indigènes en Amérique du Sud.
Sans pudeur ni concessions, le roman dénonce de façon rude et réaliste la vie pénible des travailleurs exploités par les latifundistes, et la misère et la violence quotidienne de leur condition. Les indiens seront traités comme des êtres humains de deuxième catégorie, souvent considérés comme du bétail, de la marchandise. Car avec la terre les blancs ont aussi acheté la population indigène qui la travaille. Du pur esclavage moderne.
Coté personnages, il n’y a pas vraiment de finesse psychologique ou littéraire. Chacun joue le rôle basique désigné pour la dénonciation, objectif finale d’Icaza. Il n’y a aucune nuance : Les blancs latifundistes sont méchants impitoyables sans sentiments qui peuvent exploiter les indiens et violer leurs femmes. Les curés son connivents et corrompus jusqu’à l’extrême, n’hésitant pas à marchander avec les croyances des indiens, à réclamer des faveurs sexuelles des femmes indigènes en échange du pardon divin, et à tirer profit de la misère du peuple. Invoquant des exigences religieuses injustifiables, et la menace du châtiment divin, la religion trouve son compte aux frais d’une population opprimée. Les cholos (métis entre indien et blanc) auront une position double entre le blanc et l’indien, mais contribueront sans aucun état d’âme à l’infamie, l’exploitation et l’esclavage. Les indiens n’ont pas des vraies personnalités non plus, ils sont travailleurs, honnêtes et exploités, leurs désirs de révolte sont absolument justifiés.
Travail très remarquable sur la langue parlée par les populations indigènes, l’édition Catedra de Teodosio Fernandez en espagnol, inclut un glossaire concocté par l’auteur lui-même et de nombreuses notes à pied de page qui facilitent le travail de compréhension.
Ce roman à thèse idéologique, dominé par une vision communiste, témoigne d’une série de réalités sociales effroyables, qui vont nous révolter comme lecteurs, mais dont la valeur littéraire ne va pas au-delà du témoignage lui-même.
Citation :
« C’est pour ça qu’il avait payé tellement d’argent pour la main d’œuvre. « Tout effort pour le bien du pays aura besoin de sacrifice, de courage, d’audace. Ils ne meurent pas des soldats dans la guerre ? » il se dit pour justifier dans sa conscience le cynisme criminel de ses arguments. »
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