(La casa de los espiritus, 1982)
Traduction : Claude et Carmen Durand. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Cette saga familiale retrace les péripéties de la famille Trueba le long de plusieurs générations, immiscés dans les évènements socio-politiques qui ont marqué l’histoire de Chili le long du XXe siècle, inclus le coup d’état de 1973. À travers de la vie de Clara, une fille au caractère innocent, dotée d’une clairvoyance et une qualité éthérée, on contrastera le parcours du riche propriétaire et patriarche de la famille, Esteban Trueba, un tyran au caractère violent qui devra se plier à l’emprise que les femmes de la famille ont sur lui.
Pierre contre Air :
Fabuleux roman du réalisme magique, clairement redevable de l’œuvre de García Márquez. Au-delà de l’ombre de l’écrivain colombien qui plane sur le côté narratif du roman, Allende développe sa propre personnalité et ses sujets.
L’amour et la famille semblent les thèmes principaux. Mais aussi la menace planante de la mort, la folie, la détresse des opprimés sous la pression des puissants, et le rapport conflictuel entre hommes et femmes sont certains des sujets traités dans ce roman foisonnant remplit de personnages très divers et marqués. Entre les branches officielles et les bâtardes de la famille Trueba, les conflits se déroulent sur le terrain du magique et de la folie.
Le contraste entre Esteban et Clara, la violence terrienne contre la sensibilité aérienne, est la clé du roman, et ce qui va déclencher la dynamique de la narration. Esteban, habitué à avoir gain de cause grâce à l’emprise de sa masculinité, ne comprend pas cet univers fuyant et onirique de Clara, à deux doigts de la folie, qui le plonge dans l’impuissance et dans l’incompréhension. Cette mésentente et ce désespoir nous préfigure la violence latente dans le pays, qui débouchera dans le coup d’état et la dictature qui s’en suivit.
Les éléments fantastiques comme la présence des esprits, la clairvoyance, les cheveux couleur vert océan, la télékinésie, etc… sont, comme dans les œuvres du réalisme magique, immiscés dans le récit sans vraiment être relevés comme quelque choses de fantastique. La magie n’est pas regardée comme magie, elle fait tout simplement partie du quotidien.
Considérée par beaucoup comme un des meilleurs romans latino-américains du XXe siècle, cette magnifique saga connut un succès spectaculaire en librairie et lança la carrière de cette écrivaine chilienne, au talent très marqué pour les portraits féminins, le sensible et le fantastique.
Citation :
« Cette nuit-là, je crois que j’avais définitivement perdu la faculté de tomber amoureux, que jamais plus je ne retrouverais le goût de rire ou de poursuivre une illusion. Mais plus jamais, ça fait beaucoup de temps. J’ai pu le vérifier tout au cours de cette longue vie. »
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