(1972)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Guadeloupe, fin du XVIIe siècle. Bayangumay est enlevée au Sénégal et mené de force en Guadeloupe en tant qu’esclave pour servir les maîtres blancs des plantations. Violée dans le bateau qui la mène aux Antilles, Bayangumauy donne naissance à Rosalie, une jeune femme indomptable et singulière, qui sera séparé de sa mère à cause de ses yeux clairs et sa peau métisse, jugés plus aptes pour servir les femmes blanches à l’intérieur de leurs maisons. La jeune fille s’adjugera elle-même le prénom Solitude. Après un parcours plein de vicissitudes, la jeune Solitude rejoindra la cause des marrons (esclaves fugitifs) pour la liberté des noirs en Guadeloupe.
Icone de la résistance contre l’esclavage en Guadeloupe :
Née vers 1772 en Guadeloupe, la mulâtresse Solitude exista vraiment, même si on sait peu sur sa vie avant qu’elle rejoigne les rangs de la résistance contre l’esclavage. Schwarz-Bart lui attribue un passé traumatique, et commence l’histoire retraçant le parcours de sa mère depuis le Sénégal. Le livre mélange des parties romanesques avec des événements réels, comme la révocation de l’abolition de l’esclavage imposée par Napoléon en 1802, ou l’écrasement de la révolte des marrons (noirs libres) lidérée par Louis Delgrès en Guadeloupe, la même année.
C’est un sujet très poignant et dur qui est cependant parasité par un style excessivement alambiqué, avec un langage poétique, rempli de métaphores et des tournures de phrase recherchées. Voulant donner une haleine lyrique à la narration, Schwarz-Bart risque de perdre le lecteur avec ce côté irréel et presque onirique du récit. Il y a beaucoup des chances que le lecteur se sente éjecté de la narration. C’est vraiment dommage car l’écriture est belle, mais à mon sens un peu trop élaborée, et manquant cruellement de clarté et précision. Notamment pour cette thématique.
Sur un sujet similaire, préférez peut-être le magnifique ‘Moi, Tituba sorcière, noire de Salem’ (1986) écrit par la guadeloupéenne Maryse Condé. Dans ce roman qui se déroulait un siècle auparavant, Tituba aussi était le fruit d’un viol pendant le voyage d’une esclave vers les Antilles, et le vide ressenti après l’affranchissement de l’esclavage, était aussi un de sujets clé.
Dommage car le complexité stylistique nuit un roman qui aurait potentiellement pu être plus fort et abouti.
Citation :
« Nègres, mes beaux nègres feinteurs, mes gentils nègres à ricanades savez-vous quoi ?… parfois je me demande pourquoi Dieu a créé l’homme blanc, et ça me turlupine, là, dans ma grosse tête… »
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