(The stone angel, 1964)
Traduction : Sophie Bastide-Foltz. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Hagar Shipley, 90 ans, évoque les évènements marquants de sa vie, dans une sorte de bilan final. Hagar habite avec son fils, le soixantenaire laconique Marvin, et sa belle-fille, la sollicite Doris, qu’elle arrive à peine à supporter. Hagar a un sacré caractère et n’est pas facile à vivre. Elle lamente la perte de dignité et de liberté qui représente être traitée comme un enfant, mais la réalité est que à son âge avancé, les problèmes de santé s’enchainent, et sa belle-fille, peine à assurer la sécurité de la vielle dame. L’univers de Hagar va s’ébranler d’avantage quand Marvin et Doris lui annoncent qu’ils ne sont plus en mesure de s’en occuper, et qu’elle devra partir en maison médicalisé. L’angoisse de devoir abandonner sa maison, accentue sa quête de donner un sens à son passé. Un passé où son autre fils, John, est parti trop tôt.
Bilan avant la fermeture :
Roman très intéressant structuré autour de la figure de la vielle dame, vraie et authentique mais un peu psychorigide et avec un caractère plutôt difficile. Hagar ne passe pas par quatre chemins pour dire les choses, souvent dans un langage acéré et sans contemplations. Hagar traverse une crise complexe. Incapable d’accepter la perte d’indépendance due à son âge avancé, elle devient de plus en plus âpre et méfiante, son seul souhait étant de garder le peu de liberté qui lui reste.
Le récit se compose autour du point de vue de Hagar, qui est parfois désorientée et dont la mémoire devient chaotique. Étonnamment, le bilan de Hagar se solde avec quelques aveux des erreurs et négligences, mais à 90 ans, elle ne semble pas avoir le temps pour beaucoup de regrets. Bornée et fière, elle pourra être odieuse avec les seuls personnages qui s’intéressent à elle, mais on ne va jamais lui en vouloir, car le talent de Laurence nous a fait empathiser complètement avec cette vielle dame en détresse qui voit son univers basculer.
Le roman se structure sur des longs flashbacks dans chaque chapitre qui ponctuent les évènements qui arrivent dans le présent avec Hagar à 90 ans. Les faits essentiels de sa vie sont passés en revue, pour en tirer des conséquences dans le présent. Son mariage tumultueux avec Bram, sa relation très déséquilibre avec ses deux enfants. D’abord son favori Marvin, le plus stable des frères, dont son caractère à présent semble l’indifférer. Et puis John, plus volatile et émotionnel, qu’elle a toujours quelque part délaissé, mais dont son souvenir reste maintenant beaucoup plus présent. Effectivement, la disparition de John, aurait marqué la femme toute sa vie, et maintenant à 90, elle n’a pas toujours les clés pour comprendre comment elle doit gérer ce passé qui revient.
Réflexion sur la perte d’indépendance qui vient avec le vieillissement, le roman pose un regard très lucide sur toute une existence avec son lot d’erreurs et défaillances, qui n’est pas exempt d’une note d’humour cynique.
Citation :
« J’ai toujours eu un sens du définitif avec les gens. Dès le départ, soit j’aime soit je n’aime pas la personne. Les seuls gens avec lesquelles je suis incertaine sont ceux qui sont le plus près de moi. Peut-être qu’on les voit trop. Les inconnus sont beaucoup plus faciles à cerner. »
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