Littérature des 5 continents : AmériqueCuba

Le néant quotidien

Zoé Valdés

(La nada cotidiana, 1995)
Traduction :   Carmen Val Julián.   Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Patrie est née le 2 mai 1959, le lendemain du jour des ouvriers. La mère avait dû quitter une manifestation pour accoucher cette fille, qui va grandir sous la marque de la Révolution et du régime de Fidel Castro. A 16 ans, amoureuse d’un homme qu’elle appelle Traître, Patria change de nom pour s’appeler Yocandra, et essaie de s’épanouir social, professionnel et sexuellement. Mais rien n’est facile et beaucoup de ses amis s’échappent grâce à la voie de l’exil, tandis que Yocandra étouffe sous l’ambiance morose et misérable de la Cube castriste. Soumise aux coupures constantes de gaz et d’électricité, à la censure, à la pensée unique et surtout à ce régime despotique qu’elle considère abrutissant pour le propre peuple, Yocandra peine à trouver sa voie.

Fille de la révolution :

‘Le néant quotidien’ fait référence au sentiment de notre protagoniste, probablement un reflet de l’écrivaine elle-même, d’avancer nulle part dans sa vie, de faire de surplace et se diriger vers un futur vide, lisse et sans intérêt. Dans ce sens le roman fait une critique sans ambages du régime cubain sous la révolution castriste. Les romans de Valdés furent immédiatement interdits de publication et l’écrivaine trouva refuge dans son exil parisien.

Le roman est relativement chaotique, un peu impressionniste, mélangeant l’imagé avec le quotidien, et  il est parfois confus et difficile à suivre, notamment au début. Mais petit à petit il se centre un peu plus sur le personnage central et ses états d’âme en lien à la répression qu’elle vit sous le régime de Castro. Cela reste un peu décousu mais le récit est quand même très vivant et ressenti, et le langage poignant, efficace et il exhibe une certaine allure poétique. L’écrivaine semble se livrer corps et âme dans ce roman qui a sans doute une facette autobiographique marquée. Ses déboires amoureux sont décrits dans tous ses détails, notamment un chapitre 8 qui pour beaucoup relèvera de la pornographie, mais qui est simplement un récit très authentique de l’épanouissement sexuel d’une femme cubaine.

Malgré la controverse qui entoure en permanence Zoé Valdés, par ses constantes provocations dans les réseau sociaux, avec insultes à tout va, et son rapprochement assumé du parti d’extrême droite espagnol ‘Vox’, il faut se rappeler que ce roman est une œuvre très antérieur à tous ces frasques, et qu’il s’agit tout simplement d’un essai assez honnête de transcrire le parcours d’une jeune femme tiraillée entre les hommes de sa vie, la perspective d’un futur gris et insipide et le besoin absolu de s’échapper à tout prix à cette réalité morne, ce néant quotidien.


Citation :

« Au contraire, on vivait haïssant l’extrême pause de l’existence, cette angoisse paralysante dans laquelle on était submergés. On vivait bannis de nous-mêmes, nos âmes en exil, le corps obéissant répondait à l’interrogatoire des circonstances. (…) Demander n’était pas permis. Ce n’était pas combatif. » (Traduction improvisé)

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