(Los detectives salvajes, 2006)
Traduction : Robert Amutio. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
L’étudiant Juan Garcia Maduro découvre un groupe de poètes maudit, dont le mouvement se fait appeler « Réalisme Viscéral ». Parmi le groupe il trouve Arturo Belano et Ulises Lima, et les trois vont partir dans le désert mexicain à la recherche d’une poétesse oubliée qui serait l’inspiratrice de leur mouvement, Cesàrea Tinajero.
Où est Cesàrea Tinajero ? :
Très long roman, étrange et chaotique mais finalement assez bien organisé, avec une structure marquée et originale, en claire rupture des conventions littéraires. Il est divisé en trois parties.
Dans la première partie, relativement conventionnelle, on suit le journal de Maduro qui connait les poètes maudits et part avec eux à la recherche de la poétesse oubliée, accompagné d’un prostitué qui fuit son maquereau. On ne récupérera cette histoire que dans la troisième partie.
Dans la deuxième partie, la plus longue et le cœur du roman, la narration est complétement éclatée. Des petits chapitres qui représentent les témoignages d’une cinquantaine de narrateurs différents. Le récit part d’une façon chaotique et désordonnée dans toutes les directions possibles, dans des temps différents, avec des personnages qui changent à chaque fois et dans des endroits très variés (Barcelone, Paris, Israël, Rwanda…). Il n’y a plus de protagonistes attitrés. Mais petit à petit, la polyphonie commence à fonctionner, et on commence à voir un gigantesque collage polyédrique, un puzzle de plus en plus clair, qui nous retrace la vie des deux poètes, Arturo Belano et Ulises Lima, et de la poétesse maudite, Cesàrea Tinajero, le long d’une vingtaine d’années.
Dans la troisième partie on récupère une narration plus orthodoxe avec la suite du road-movie dans le désert de Sonora, initiée dans la partie I. La recherche de Cesàrea Tinajero touche à sa fin, et le destin de nos poètes se dessine.
Belano est évidement un sosie de Bolaño lui-même, et Lima est son ami Mario Papasquiaro, les deux étaient poètes à l’époque (Bolaño passera à la prose après) et ils avaient formé un mouvement poétique assez opaque, connu comme l’infrarealismo.
Au début de la partie deux, je me suis battu contre le roman, en lui reprochant de me porter dans trop de directions différentes. Puis, petit à petit, j’ai lâché prise et je me suis abandonné dans le stream, dans les eaux de ce roman-fleuve, unique et inoubliable. Je ne sais pas où il m’a mené, mais le voyage en valait la peine.
Citation :
« Aujourd’hui il ne s’est rien passé. Et s’il s’est passé quelque chose, le mieux est de le taire, parce que je ne l’ai pas compris. »
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