Littérature des 5 continents : AmériqueColombie

Mémoire de mes putains tristes

Gabriel García Márquez*

(Memorias de mis putas tristes, 2004)
Traduction :   Roger Lescot.   Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

L’histoire du roman peut se résumer dans cette phrase au début : « L’année de mes quatre-vingt-dix ans, j’ai voulu m’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d’une maison close qui avait l’habitude de prévenir ses bons clients lorsqu’elle avait une nouveauté disponible. »

Ce vieil homme de 90 ans, va donc partir pour une dernière nuit de passion avec une jeune fille de 14 ans qui l’attend, sage et endormie, dans une chambre de la maison close. Le corps de la jeune femme va faire chavirer notre vieillard, qui rencontre la grâce au crépuscule de sa vie.

Oui, c’est gênant :

Et comment ! Et oui, un tel parti pris est quand même gênant, aussi bien écrit qu’il soit. Adaptation assumée du court roman ‘Les belles endormies’ de Kawabata (aussi prix Nobel), cette nouvelle nous propose une réflexion sur les regrets engendrés par le passage du temps, la revigoration de la vieillesse au contact de la jeunesse, et la capacité à évoluer quand on est face aux abîmes de la fin.

Voilà un arc narratif de changement positif assez classique : Un vieil homme qui a été toujours égoïste et implacable, suite à une épiphanie, change son attitude et devient soucieux et vulnérable. Sauf que l’épiphanie est ici le corps nu d’une fille de 14 ans, probablement droguée, qui ne va faire que lui rappeler le contraste entre les deux, la fraicheur de la vie contre la décrépitude de la mort.

Malgré l’incroyable coté malsain de cette histoire, on va assister avec une certaine tendresse à la naissance de cette homme nouveau, qui à 90 ans, va apprendre la vie. Donc, on devrait, grâce à l’amour, pardonner ses écarts à ce vieux pervers, et fermer les yeux sur cette petite louange aux bienfaits de la prostitution infantile. Mwouaissss.

C’est de la bonne littérature, c’est profond et c’est quand même du García Márquez, mais pas tous les lecteurs vont réussir à dépasser ce côté gênant de l‘histoire. Un peu comme à la lecture du fabuleux ‘Lolita’ de Nabokov, où la puissance littéraire dépasse tous les préjugés. Sauf qu’ici je n’ai pas réussi complètement à tout dépasser. On aurait aimé un peu plus de finesse pour un sujet si audacieux.


Citation :

« Je n’ai jamais couché avec une femme sans la payer, et les quelques-unes qui n’étaient pas du métier, je les ai convaincues de prendre l’argent de gré ou de force, même si c’était pour le jeter à la poubelle. »

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