(Pantaleón y las visitadoras, 1973)
Traduction : Albert Bensoussan. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Le capitaine Pantaleón Pantoja est chargé d’une mission qui lui laisse perplexe : Il devra organiser un service de prostitution, en vue à satisfaire les troupes déployées dans les régions amazoniennes les plus enclavées, et ainsi pacifier la mauvaise ambiance et les conflits provoqués par l’abstinence et le manque d’activité sexuel, dans ces contrées enclavées.
Génie réputé de l’organisation, Pantaleón va travailler avec une efficacité redoutable pour échafauder une entreprise de prostitution, à l’organisation et fonctionnement militaire. Le Service de Visiteuses pour Garnisons, Postes Frontières et Assimilé va s’avérer une machine huilée à la perfection qui va faire du capitaine le proxénète le plus réputé de tout Pérou.
L’armée et le plus vieux métier du monde :
Le contraste entre Pantaleón, personnage à la moral et discipline irréprochables, et dont les idéaux de pureté féminins correspondent à la chasteté de sa femme ou sa mère, et l’univers de prostitués, maquereaux et voyous de tout genre qui doit traiter au quotidien est hilarant. On est bien entendu dans une comédie satirique.
Avec tout un ensemble de personnages hauts en couleurs et un cynisme délirant, le roman se lit peut-être plus facilement que d’autres romans plus opaques du prix Nobel péruvien, notamment ‘Conversation à la Cathédrale’ qu’il avait écrit juste avant. Mais soyez avertis, dans ‘Pantaleón et les visiteuses’, il utilise quelque fois cette technique de séquences parallèles où les dialogues d’une séquence se mélangent avec ceux de l’autre. En tout cas, c’est peut-être une porte d’entrée intéressante pour une première lecture de Vargas Llosa, même s’il a écrit sans doute des meilleurs romans que celui-là.
On récupère ici les thèmes chers à cet auteur : L’ambiance militaire, la corruption des institutions, le primitivisme sexuel, la virilité, la violence, mais cette fois sur un ton beaucoup plus léger. Avec un regard bienveillant sur l’univers de la prostitution et le proxénétisme, le roman ne juge pas, mais malgré tout transpire un certain sexisme, jusqu’à un certain point sauvé par la présence de quelques bons portraits féminins.
Citation :
« Que notre Armée encourage la prostitution et assume elle-même la fonction dégradante du proxénétisme, c’est un symptôme de décomposition trop grave pour rester indifférent. Si la dissolution éthique s’empare de la colonne vertébrale de notre pays, que sont ses Forces armées, à tout moment la gangrène peut s’étendre dans tout l’organisme sacro-saint de la Patrie. »
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