(El coronel no tiene quien le escriba, 1961)
Traduction : Daniel Verdier. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Un ancien colonel à la retraite attend depuis 25 ans une paie de l’état, en reconnaissance des services prêtés à la patrie pendant la guerre. Sauf que le bateau qui doit mener la lettre avec sa pension militaire n’arrive pas, la démarche probablement perdue dans le marasme de la machine bureaucratique. Le vieux colonel et sa femme asthmatique, crevant de faim et de misère, déposent tous ses espoirs sur un coq de combat. Ils résistent la tentation de le manger pour calmer la faim, car le coq est le seul héritage qui leur relie à leur fils, décédé quelques mois plus tôt.
Les deux vieux, le coq et la faim :
La touchante relation des deux vieux, avec leurs manies, leurs misères et leurs espoirs, est déployée avec beaucoup de tendresse mais sans trop de ménagements. C’est triste. Leur dur quotidien est décrit de façon réaliste : La crasse, la faim, l’amertume, tout est là.
Il existe un troisième personnage, le coq, sur lequel tous leurs espoirs sont posés, car il doit à tout prix gagner des combats pour rapporter de l’argent, et au même temps est le seul lien qui les rapproche de ce qui était leur fils. L’idée que leur fils, même après sa mort, et par le biais du symbole du coq, peut les sauver de la misère, est très présente dans les espoirs du couple. Mais le coq peut aussi rassasier leur faim. En mettant toute la pression sur le coq de leur fils décédé, leurs positions vont les affronter.
Sans spoiler, ici on trouve ma phrase favorite de fin de roman, symbolique et profonde comme peu. Mais je vous laisse découvrir.
Avec très peu ou pas d’action, ce court roman, écrit à Paris, présente toutes les angoisses et thèmes principales du génial prix Nobel colombien, mais sans trop pousser dans le côté magique de ses œuvres postérieures. C’est une merveilleuse histoire sur la misère, l’attente, l’espoir et, avant tout, sur la dignité.
Citation :
« Le colonel constata que quarante ans de vie commune, de faim commune, de souffrances communes ne lui avaient pas suffi pour connaître sa femme. Il sentit que quelque chose avait également vieilli dans leur amour. »
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