(Señales que precederán al fin del mundo, 2009)
Traduction : Laura Alcoba. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Mandatée par sa mère pour délivrer un message à son frère qui est resté de l’autre côté de la frontière, Makina entame un périple rocambolesque pour arriver au Grand Chilango, pays des Gavaches. Lors de ce voyage initiatique Makina traversera des fleuves, fuira des dangers et fera de rencontres étranges. Tout cela va façonner la destinée de la jeune femme.
Fable sur l’immigration clandestine ? :
Yuri Herrera fait figure de proue parmi la nouvelle génération d’écrivains mexicains. Digne héritier de Fuentes et Rulfo, et de cette façon presque onirique d’entendre la narration qui caractérisa une partie de la littérature mexicaine dans les années 60 et 70, Herrera n’hésite pas à mélanger cette tradition narrative avec l’univers plus moderne de l’immigration clandestine.
La prose est belle et poétique, mais peut-être il y a une surenchère surréaliste qui déborde plus qu’elle ne devrait. Peu de clés concrètes sont prêtées à la narration pour comprendre exactement ce qui se passe. Tout est terrain fertile pour la métaphore et la suggestion. On est vraiment en train de parler immigration ? Ce Grand Chilango serait vraiment les Etats-Unis ? Et la langue Gavache, c’est de l’anglais ? Le voyage de Makina représenterait plutôt une quête de sa propre identité ? Ou on est en train de parler plutôt du passage entre la vie et la mort ? Toutes ces possibilités sont vraies ? Rien n’est moins clair, et je parie que dans la tête d’Herrera il n’y a pas une signification unique et exclusive.
Car les neuf chapitres/épreuves qui racontent le périple de Makina dans sa quête pour rejoindre son frère, nous ramènent effectivement aux neuf étapes que les morts doivent dépasser pour arriver au Mictlan, l’inframonde dans la mythologie aztèque. Avec tellement des lectures possibles, cette fable bizarre peut facilement dérouter le lecteur peu averti. Sans être vraiment prétentieux, le roman est quand même assez perché.
Le récit est court mais complexe. À essayer si vous êtes fan de ‘Pedro Páramo’ et des classiques mexicains du milieu du XXe siècle, avec lesquelles ‘Signes qui précéderont la fin du monde ‘ semble vouloir s’aligner.
Citation :
« Nous sommes responsables de cette destruction, nous qui ne parlons pas votre langue et ne savons pas nous taire. »
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