(The girl from the sugar plantation, 2016)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Guyana britannique, années 30. Grace est la fille métisse de deux parents blancs, propriétaires de ‘La terre promise’, une plantation de sucre de canne. Le mystère de sa naissance hante la jeune fille, mais sa mère, une femme âpre et autoritaire, garde tous les secrets de son passé sous clé. Grace, très douée pour la musique, commence à se forger une carrière de pianiste, mais le couleur de sa peau crée situations délicates dans la raciste haute société guyanaise. Dans son chemin, elle tombera amoureuse de Jock Campbell, blanc, propriétaire d’une autre plantation, et qui a des idées absolument révolutionnaires sur le futur de le Guyana et le renversement du système d’exploitation des travailleurs noirs. Sauf que ses idées froissent aussi la communauté blanche de Guyana, et sa relation avec la métisse Grace peut créer des problèmes à son projet.
Feuilleton Guyanais :
Pour les amateurs de la romance, cette saga familiale se lit très rapide et facilement, grâce à son histoire remplie d’action, des rebondissements, des lourds secrets, des passions cachés, et des sentiments à foison, mais mise à part le côté entertainment de cette épopée romantique, le roman est assez creux littérairement parlant. Les émotions sont beaucoup trop poussées, il n’y a pas de suggestion, tout est montré sans retenue et avec des excès émotionnels constants. On est clairement dans le mélo feuilletonesque. Si vous cherchez finesse et subtilité, fuyez.
La partie la plus bancale du roman est sans doute la sirupeuse relation d’amour entre Jock et Grace, qui est par moments dégoulinante de lieux communs (Ils tombent amoureux en regardant Fred Astaire et Ginger Rogers dansant ‘Cheek to cheek’!) et qui pourrait approcher ce roman d’une série Harlequin. Un autre point faible est la prédictibilité du roman, avec ses rebondissements qu’on voit arriver bien des pages avant. C’est le problème de créer des romans avec le concept plot driven, où l’action est imposée aux personnages et devient le moteur de l’intrigue, au lieu du plus intéressant character driven, où l’intrigue nait des conflits entre les personnages eux-mêmes.
‘The girl from the sugar plantation’ donc, marche beaucoup mieux quand l’intrigue nait des personnages, comme le conflit entre mère et fille, qui crée une dynamique intéressante, et est un des points positifs du récit. Parce que, côté personnages, le livre est bien ficelé, et il en a beaucoup. Ils sont assez travaillés, solides, et souvent incarneront une position dans le conflit social qui s’approche.
Le volet social du livre est probablement la partie la plus aboutie et mieux développé. C’est les dernières années de la colonie britannique et dans le pays se profile des airs révolutionnaires d’indépendence. Le privilège blanc, après des siècles d’esclavage et des années d’exploitation, touche à sa fin, et dans la famille de Grace (la plupart un mélange de noir et de blanc) les idées plus avancées commencent à faire chemin, à exception de la mère de Grace, blanche et fière, qui restera imperturbable, attachée à la dignité de sa classe supérieure. Jock est le blanc qui incarne plus ce vent de changement (voir citation ci-dessous).
L’idée de creuser dans les regrets de certains blancs, mortifiés par leur passé esclavagiste, qui souhaitent un changement dans le système d’exploitation des guyanais, est un bon point de départ. C’est là où on va trouver des réels contrastes et des antagonismes qui vont relever le récit et pousser la réflexion, même si on déplore une simplification générale des idées et émotions présentées dans ce livre.
Les deux sujets principaux du livre, l’amour et le conflit social, vont structurer l’axe central de la narration : Les personnages doivent-ils sacrifier leur propre bonheur personnel, pour se battre pour la justice et un avenir meilleur pour leur pays ? Telle est le dilemme central traité dans le livre.
Même s’il y a un manque flagrant de finesse, le roman est sympathique et agréable à lire. On apprend énormément des choses de Guyana et de la colonie, et même si le point de vue reste quand-même celui des colonisateurs, le souffle anti-raciste, et le combat pour le respect des conditions de travail, finissent pour approcher le roman du peuple Guyanais, pour lequel l’écrivaine semble professer une admiration inconditionnelle.
C’est le quatrième volet de ‘The Quint Chronicles’ mais peut se lire indépendamment.
Citation :
« Jock Campbell était une épine dans le pied de la classe dominante en Guyana britannique ; Comme un éléphant dans un magasin de céramique qui garderait les normes d’étiquette soigneusement établies entre races et classes de la société coloniale. Il fracassait la délicate porcelaine de la suprématie blanche. » (Traduction improvisée)
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