(Un dulce olor a muerte, 1994)
Traduction : Francois Gaudry. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Dans un village du Mexique rural et désertique, Ramón découvre le cadavre d’une jeune fille appelé Adela, qu’il connaissait peu, car appartenait à une famille récemment arrivée dans la région. Mais bientôt des rumeurs courent et tous les villageois commencent à assumer que Adela était la fiancée de Ramon, tandis que les suspicions ne cessent de pointer vers José Echeverri Berriozabal, que tout le monde appelle le gitan, et qui est souvent de passage dans la région. Presque sans avoir eu le temps de digérer les faits, Ramón se trouve obligé tuer le gitan du sang froid pour venger sa soi-disant fiancée.
‘Chronique d’une mort annoncé’ au Mexique :
Plus qu’un polar, ce roman noir a plus à voir avec l’univers de García Márquez, et concrètement de son roman ‘Chronique d’une mort annoncée’. Dans le premier chapitre, Adela est trouvée morte, mais Arriaga s’en fout pas mal de qui l’a tuée, ce qui lui intéresse c’est l’engrenage qui s’enclenche après cette mort violente, dans ce petit monde rural désertique au far fond du Mexique. Comme dans le roman de García Márquez, l’inexorabilité, l’attente d’un fait qui doit absolument arriver, est l’enjeu principal du roman. Car Ramón, en plus de s’assumer en fiancé improvisé, devra aussi se venger du présumé coupable. Cette vengeance qui semble inéluctable donnera à ce roman un tic-tac très prenant et fascinant.
Les amants des polars et des intrigues bien ficelées devront s’abstenir à mon avis. Ceci est un roman choral, plus axé sur l’ambiance et la description social que sur les personnages et l’intrigue. Les faits se dérouleront souvent pour la pression sociale qui pousse les individus à répondre d’une certaine façon. Ainsi, pour éviter de donner des longues explications, Ramon se verra presque obligé à accepter qu’il ait été le fiancé d’une femme qui connaissait à peine, d’autres vont effacer des preuves pour pas se compliquer la vie, et un autre va expliquer n’importe quoi seulement pour qu’on s’intéresse à lui, même si cela implique faire un coupable d’un innocent. Chacune de ces mensonges va enchainer une nouvelle embrouille qui va compliquer l’enquête. Dans cet univers rural peuplé d’abrutis, la vérité aura peu des chances de s’imposer.
‘Un doux parfum de mort’ est truffé de références olfactives, titre inclus, ce qui peut paraître paradoxal, étant donné que l’auteur perdit l’odorat lors d’une rixe lors qu’il était adolescent. Plus connu par ses scénarios cinématographiques, notamment à côté de Alejandro González Iñárritu, Arriaga s’intéresse également au visuel. De ce fait, ‘Un doux parfum de mort’ regorge des idées graphiques et parfois il semble être pensé en tant que scénario d’un thriller Netflix haletant. Dans ce sens les personnages ne sont pas vraiment approfondis, mais l’atmosphère est très réussie et le storytelling est tellement brillant que le livre se lit tout seul.
Citation :
« Elle devait le défendre des mêmes gens qui la lapideraient si elle osait dire la vérité. Il fallait se taire. Se taire pour survivre, mais survivre seulement à moitié, rongée par sa faiblesse et sa médiocre indécision. » (Traduction improvisée)
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