(Una ardiente paciencia, 1985)
Traduction : François Maspero. Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Chili, 1969. Mario Jimenez n’a nulle envie de suivre le métier de pêcheur pour lequel il semble prédestiné, et suivant une annonce il trouve un poste de facteur à San Antonio. Le seul destinataire de courrier dans la région d’île noire n’est autre que le poète Pablo Neruda. Même s’il sera l’unique client du facteur, le volume de correspondance qui reçoit régulièrement est considérable, et Mario fera plusieurs aller-retours chaque journée sur sa bicyclette, livrant lettres, colis et télégrammes à l’adresse du poète. Au gré des rencontres, entre Neruda et le facteur s’établit une certaine camaraderie qui devient amitié. Le poète aidera Mario à s’exprimer de façon poétique, en lui montrant les subtilités de l’art des métaphores, dans le but d’attendre le cœur de la femme dont il est éperdument amoureux.
Le facteur et le poète :
‘Une ardente patience’ est en réalité l’adaptation littéraire du scénario du film du même titre, écrit et réalisé par Skármeta en 1983. La clé de l’histoire sied dans le contraste entre les deux hommes protagonistes, qui appartiennent à des univers opposés, mais qui cependant tissent une belle amitié, dans la simplicité de leurs échanges. Ode à l’entente entre les hommes, l’amitié improbable entre un poète érudit et un facteur simple et rustre est touchée par un souffle humaniste marqué, et remplie d’un irrésistible optimisme.
Tandis que Mario vénère Neruda comme son maître et réfèrent, pour Neruda le jeune Mario incarne la joie de vivre et l’honnêteté des choses simples. Leur amitié s’immisce avec certains évènements historiques comme le prix Nobel décerné à Neruda en 1971, ou sa candidature aux élections pour le parti communiste et son renoncement en faveur de Salvador Allende.
C’est un livre fort agréable, bien écrit et qui se lit avec facilité, même si parfois le ton est un peu trop léger. On aimerait aussi trouver un peu plus de dimension chez les personnages féminins, qui servent presque exclusivement de contre-point aux personnages masculins, notamment Beatriz, la femme dont Mario est amoureux.
Ce roman feel good doit aussi sa popularité au film ‘Il postino’ (‘Le facteur’) que Michael Radford réalisa en 1994, et qui transposait l’action en Sicile pendant les années 50, lors de l’exile italien du poète. Dans le film, Philippe Noiret incarnait Pablo Neruda et l’inoubliable Massimo Troisi jouait le rôle de Mario, dans ce qui fut son dernier film, le comédien décédant malheureusement juste le jour après la fin du tournage.
Citation :
« – Don Pablo, déclara-t-il, solennel. Je suis amoureux.
Le barde se fit un éventail du télégramme et l’agita devant son menton.
– Eh bien, répondit-il, ce n’est pas si grave que ça ! Le remède existe.
– Le remède ? Don Pablo, il existe peut-être un remède, mais je ne veux pas guérir, moi. Je veux rester malade. Je suis amoureux. Amoureux à la folie. »
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