Littérature des 5 continents : AmériqueCuba

Vents de carême

Leonardo Padura

(Vientos de cuaresma, 1994)
Traduction :   François Gaudry.   Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

La Havane, printemps 1989. Mario Conde, l’enquêteur dépressif, doit retourner au lycée de sa jeunesse, le Pre de La Víbora, pour enquêter sur le mystérieux assassinat d’une professeure, Lissette Nύñez Delgado, retrouvée morte dans son appartement dans des circonstances singulières.

Polar Cubain conventionnel Partie 2:

‘Vents de carême’ est le deuxième volet de ‘Les quatre saisons’, une tétralogie dédiée aux enquêtes de Mario Conde, protagoniste d’une dizaine de livres de l’auteur. C’est un enquêteur un peu blasé, avec une tendance au pessimisme et à la sur-analyse. Mais puisqu’il semble être le meilleur dans son métier, les cas le plus importants tombent sur lui. J’avais lu le premier volet ‘Passé Parfait’ sans vraiment l’apprécier, mais j’avais l’idée de donner une deuxième chance à cette série. Mon avis est presque le même, polar sympa mais sans plus. J’attends peut-être la lecture d’œuvres postérieures et plus réputées de cet écrivain cubain, mais pour l’instant le bilan est mitigé.

Roman à enquête donc, avec tous les codes du polar mais sans vraiment du matériel original. Flic désabusé, pistes qui mènent à des culs-de-sac, faux coupables, drogues, corruption, etc… la panoplie classique du roman policier. Il n’y a presque aucune surprise ni rebondissement inattendu, le rythme est plutôt morose, pas d’intrigue à tiroirs ni casse-tête compliqué. Cela se lit facilement, mais c’est un récit assez plat. L’ambiance cubaine reste discrète dans un deuxième plan, donc pas trop de dépaysement non plus.

Le pire pour moi c’est le permanent besoin de Padura de décrire ses personnages féminins par ses attributs et son potentiel sexuels. À peine apparus, tous les personnages féminins passent par la case dégrée de fermeté de fesses ou taille de poitrine. Après cinq ou six portraits féminins de ce genre, il faudra attendre jusqu’à la page 71 pour trouver le seul personnage féminin, la professeure Dagmar, qui exceptionnellement n’est pas décrite de cette façon réductrice. Inversement, une seule fois dans le livre on utilise une phrase de cet acabit par rapport à un personnage masculin, quand on parle de la « poitrine de nageur » d’un vieux flic. C’est consternant. Les femmes du livre sont soit des objets sexuels, soit des mamans cuisinières, soit elles sont assassinées au début de l’histoire.

Le rapport de Conde avec Karine, sa petite copine, dont il est censé être amoureux, est toujours axé sur le désir, et se réduit à quelques pages de prouesses sexuels assez banales. Le personnage de la pauvre Karine n’est pas grand-chose de plus qu’un corps nu de femme qui joue un saxo. Le polar classique c’est souvent un peu macho et s’intéresse à ce genre de fantasmes masculins, mais là on se pose des questions, Padura.

Fans de polar apprécieront mais personnellement j’ai trouvé cette enquête plutôt creuse et boring. Justement le meilleur de ce roman se trouve ailleurs l’enquête, chez son ami ‘El Flaco’ qui vit avec sa mère après que la guerre d’Angola l’a laissé paralytique, dans cet ensemble de flics déprimés à l’angoisse existentiel, ou dans ce retour nostalgique au lycée de la jeunesse du protagoniste. Moins intéressante, on l’a déjà évoqué, est la frénésie sexuelle qui le relie avec sa petite copine Karine. C’est quand même bien écrit, les personnages sont solides, la narration se tient, mais bon…


Citation :

« Après tellement d’années à travailler dans la police il s’était habitué à voir les personnes comme des possibles affaires, dont leurs existences et misères il devrait creuser un jour, tel un oiseaux charognard, en déterrant des tonnes de haine, peur, jalousie et insatisfactions bouillantes. » (Traduction improvisée)

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