(Kuslar Da Gitti, 1978)
Traduction : Munevver Andac. Langue d’origine : Turc
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Tous les automnes des milliers des oiseaux se donnent rendez-vous sur la plaine de Florya, en banlieue d’Istanbul. Trois enfants pauvres, Sémih, Hayri et Suleyman, capturent ses oiseaux pour les vendre devant les églises et les mosquées. En libérant ces oiseaux les fidèles pourraient gagner une meilleure place au paradis. Sauf que dans le monde moderne, personne ne semble s’intéresser à ces traditions, et les cages de nos enfants sont toujours pleines à craquer.
Le monde moderne ce n’est pas bien :
C’était mieux avant, c’est qui semble clairement se découler de ce beau et court roman, ou novella. Kemal, avec un langage beau et poétique, plaide pour ce monde révolu, plus digne et humain. Sans vraiment de nuances, le maître des langues turques prend clairement partie pour le monde d’avant, qui semble regretter. Sous l’indifférence générale nos trois enfants sombrent dans la misère avec par seul espoir la possibilité de vendre ces oiseaux qui se cumulent sur ces cages. Mais c’est peine perdue, les oiseaux sont impossibles à vendre car les traditions sont bafouées dans le monde moderne. Seulement la faim et l’humiliation publique se dessinent devant nos jeunes protagonistes.
Quelques personnages secondaires assistent à ce drame social, notamment le narrateur, sans doute un reflet de l’écrivain lui-même, qui porte un regard bienveillant sur ces enfants de rue, et essaie de les aider. Mais le combat contre ce progrès déshumanisant semble perdu d’avance. J’avoue que le récit, même si bien écrit, m’a semblé un peu schématique et unidimensionnel à niveau de la réflexion qu’on porte sur ces changements menés par l’évolution et le temps modernes. Mais la mélancolie et la grâce qui se découle de ces personnages fait de ce beau récit une lecture touchante et profonde.
Citation :
« En ce temps-là, chaque jour, sur le Plan de Florya, les oiseaux se capturaient par milliers et ils étaient libérés par milliers devant Sainte Sophie ou la mosquée d’Eyup, (…) Je te libère, je t’affranchis, plaide pour moi à la porte du Paradis… Les gens se jetaient sur les cages. Ils se battaient par un oiseau. En ce temps-là, les oiseleurs n’arrivaient pas à subvenir aux besoins de la ville. Devant les églises et les synagogues aussi, les gens relâchaient, après avoir recité une prière, des milliers d’oiseaux, et ils regardaient, avec fierté avec espoir, s’envoler tout heureux de leur liberté retrouvée… »
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