(Exit West, 2017)
Traduction : Bernard Cohen. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Un pays musulman indéterminé, situé en Asie, fait face à une inquiétante islamisation et dérive dangereusement vers le conflit armé. Saeed et Nadia se rencontrent et tombent amoureux l’un de l’autre, mais dans ce contexte de progressive menace pour les individus, les femmes et les libertés, le bonheur de leur amour sera de courte durée. Cultivés et intelligents, la perspective de l’exile se dessine de plus en plus clairement pour Saeed et Nadia.
Une histoire d’amour et exile :
Hamid Moshin est déjà un écrivain à succès lorsqu’il publie ‘Exit West’, une de ses romans le plus connus. Même si le pays où commence l’intrigue n’est jamais mentionné, il pourrait être le Pakistan, pays dont l’écrivain est originaire. Le roman présente un double thème : D’un cote l’exile et les changements qui provoque chez les individus, et d’un autre côté l’amour et sa date de caducité due l’usage, l’ennui ou les soucis. Les deux thèmes s’imbriquent très habilement dans le récit, proposant ainsi une histoire d’amour et d’exil où l’un et l’autre font partie d’une même situation.
Car l’amour de Saeed et Nadia aurait peut-être évoluer différemment s’ils n’avaient pas été contraints à s’exiler ? Et inversement ils auraient pris la voie de l’exile s’ils ne s’étaient rencontrés ? Le couple sera bousculé à travers l’Europe et jusqu’aux États-Unis, dans un périple dramatique mais très ellipsé par la narration. Car Moshin ne veut pas s’attarder à décortiquer l’expatriation elle-même, mais plutôt ses conséquences. Le roman réfléchit sur les implications que le déracinement porte sur l’amour, et s’interroge sur la capacité de cet amour à survivre un tel chamboulement.
Avec un style sobre, un peu plus conventionnel que dans d’autres œuvres plus osés comme ‘L’intégriste malgré lui’, l’écrivain réussit à tisser un portrait très humain de la migration, en se concentrant sur le quotidien d’un couple et la simplicité de leur histoire d’amour. Malgré une narration un peu distante, des partis pris un peu faciles (les portes comme des métaphores de la voie de l’exile), et un petit manque de profondeur des personnages, ‘Exit West’ reste un très beau livre qui se lit très facilement.
Citation :
« Faisant la promesse qu’il lui avait demandée de faire, elle était en quelque sorte en train de le tuer, mais les choses sont comme ça, car quand on s’exile, on meurtrit de nos vies ceux qu’on laisse derrière nous ». (Traduction improvisée)
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