(فرانكشتاين في بغداد , 2002)
Traduction : France Meyer. Langue d’origine : Arabe
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Bagdad, 2005, les américains ont envahi la ville et l’ambiance est sous haute tension, lorsqu’une bombe explose en plein centre-ville. Le chiffonnier Hadi al-Attag recueillera des parties de corps des victimes de l’attentat et les reconstruira dans un seul corps avec l’intention de faire des funérailles dignes. Le soir, Hadi laisse le corps seul et l’esprit d’une autre victime rentre dedans. Le corps prend vie. L’étrange et horrible créature entame une quête de vengeance contre ceux qui sont responsables de la mort des personnes décédées qu’intègrent son corps.
Revisitation du mythe de Frankenstein sous les bombes :
Roman assez original, mi-polar, mi-fantastique, avec un parti pris très intéressant et une certaine profondeur, mais qui par moments présente des problèmes de rythme et de clarté. Le roman est assez lent et confus dans sa première partie, quand la créature est pratiquement absente (même si très présente de façon indirecte), et le livre se concentre sur les vies des dizaines de personnages dans son quotidien à Bagdad, avec le chaos, la débrouille et la corruption qui caractérisent cette période post Saddam. On se perd facilement avec tellement de noms et c’est dommage que Saadawi ne s’ait pas concentré sur un nombre restreint de personnages comme c’est le cas dans la deuxième partie. Surtout que les personnages sont marqués et intéressants, le roman aurait clairement bénéficié d’une édition synthétique de ses premières 200 pages.
Comme dans le mythe dont il tire l’inspiration, l’œuvre ‘Frankenstein ou le Prométhée moderne’ de Mary Shelley (1818), la créature aura des velléités philosophiques. C’est la meilleure partie du roman à mon sens. La créature doit rafistoler son corps à fur et à mesure qu’il se dégrade, et sa quête de vengeance commence à se modifier selon les morceaux de corps qu’on lui attache. De ces étranges mutations Saadawi en tire une très bonne réflexion sur le bien et le mal et la nature ambiguë de l’être humain, composé autant des lumières que des ombres. La créature peut aussi se lire en métaphore de cet Irak en reconstruction après la chute de Saddam Hussein.
Très peu des personnages féminins : Une mère aimante, puis deux femmes objet de désir et c’est tout, le reste : des dizaines de personnages masculins. Gros hic donc, le roman s’articule de façon un peu trop flagrante sur un concept masculin de la société.
Une lecture intéressante, débordante d’imagination, avec quelques ‘mais’. ‘Frankenstein à Bagdad’ a gagné en 2014 le prestigieux Prix international de la fiction Arabe, connu comme le Booker Prize Arabe.
Citation :
« Il n’est pas d’innocent complètement pur, ni d’assassin complètement abject. »
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