(Война и мир, Voïna i mir, 1865)
Traduction : Boris de Schlœzer. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Saint-Pétersbourg, Russie, 1805. L’aristocratie vit sans les savoir ses derniers jours d’insouciance. Les Rostow, Bolkonsky et les Besoukhow mènent une existence de luxe et frivolité, leurs vies mondaines et leurs petits déconfits sont sur le point d’être basculés à jamais. L’armée française, menée par Napoléon lui-même, avance inexorablement vers la frontière.
Le plus grand roman de tous les temps :
Roman fleuve irrépétible, le chef-d’œuvre de Leon Tolstoï fut écrit le long de cinq ans, entre 1865 et 1869, et fut couronné d’un succès monumental, qui dure jusqu’à nos jours.
On ne peut pas résumer tous les conflits et les enjeux du roman dans un petit article. La richesse des personnages est inépuisable. Pierre Besoukhow, personnage à mille inquiétudes, cherchera un sens à l’existence, et traversera mille épreuves que lui feront évoluer. Pierre contraste avec Natasha Rostow, qui dès l’insouciance et superficialités de l’adolescente mondaine qui est au début du roman, sera contrainte d’évoluer en temps de guerre pour devenir une femme forte et complexe. Fabuleux arcs narratifs qui traversent le roman et s’entremêlent dans un profond tableau des émotions humaines.
Selon les éditions, le livre peut frôler les 2000 pages, donc pas évident d’attaquer un roman qui, au mieux va vous prendre un mois de vos habitudes de lecture, mais plus probablement plusieurs. Malgré ce qu’on dit, c’est un roman incroyablement facile à lire, on rentre aisément dans les émotions du récit, et on est vite accroché aux destinés de tous ces personnages fabuleux. On n’est pas devant un Faulkner ou un Carlos Fuentes ici, même pas Dostoïevski, la narration n’est pas vraiment complexe, c’est surtout long. Mise à part la taille démesurée du roman, on évoque souvent trois difficultés à la lecture :
Les différents noms de personnages. Effectivement, selon qui parle de qui, les différents surnoms et noms officiels peuvent être très différents. J’avais une édition avec une liste descriptive de personnages avec leur surnom et franchement cela ne m’a pas plus dérouté que ça. Regardez si votre édition a une liste de personnages, sinon je vous conseille de vous en procurer une par internet.
Les séquences de guerre. Il y a, c’est vrai, des centaines de pages dédiées aux stratégies militaires, à la géographie des lieux d’une bataille et à la description détaillé de l’avance d’un combat. Cela peut paraître long si dans le chapitre qui précède vous a laissés accrochés au sort de Natasha, Andrei ou Pierre, mais ces chapitres nous parlent aussi de l’humain, les chefs militaires et Napoléon lui-même sont personnages en chair et os avec ses émotions et ses faiblesses. Même si certains lecteurs finissent par sauter ces chapitres, je n’ai vraiment pas éprouvé ce besoin. Laissez-vous emporter autant dans la guerre que dans la paix.
L’épilogue. Pour un livre de 2000 pages, c’est normal que l’épilogue soit long, ici on parle des dizaines et des dizaines de pages de réflexion sur la philosophie de l’histoire, qui vont clôturer ce roman. Ne vous inquiétez pas, vers l’épilogue vous serez tellement portés par l’élan de la lecture précédente que cet épilogue sera un jeu d’enfants. Pensez que le roman est déjà fini, et il vous reste les réflexions de l’auteur qui vont compléter le roman, comme une postface. Vous le lirez sans encombre et même avec plaisir, si vous vous dites que le roman est déjà fini et derrière vous.
Une fois surmontés ces trois petits obstacles, on est sans doute dans un des pinacles de l’expression artistique. Quelqu’un m’avait dit une fois que ‘Guerre et Paix’ englobe toutes les émotions humaines. Probablement il avait lu ce cliché ailleurs, mais en réfléchissant, on se rend compte que c’est absolument vrai. Tous les types possibles d’être humain sont en quelque sorte reflétés dans un ou plusieurs personnages de ce roman. Probablement vous trouverez des côtés de Natasha qui vous ressemblent, et aussi des côtés de Pierre, ou même d’autres personnages aux cotés plus sombres. Toute l’humanité y est dedans.
Parmi les centaines de personnages qui peuplent le roman, on trouve toute l’âme russe. Tous ces personnages complexes, riches, incroyablement vivants, réels, sont jetés au milieu des épisodes historiques qui s’entremêlent dans l’histoire du récit de façon naturelle, avec l’aisance d’un écrivain au sommet de son art.
Six étoiles pour celui qui est souvent considéré comme le plus grand roman de tous les temps.
Citation :
« Maintenant, il avait appris à voir la grandeur, l’éternité, l’infini en tout. Aussi était-il naturel que pour le voir, pour jouir de sa contemplation, il eût jeté sa longue-vue avec laquelle il avait regardé jusqu’alors par-dessus la tête des hommes, et qu’il contemplât joyeusement autour de lui la vie perpétuellement changeante, toujours grande, incompréhensible et infinie. Et plus il regardait de près, plus il était calme et heureux. »
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