(Пещера, 1920)
Traduction : Michel Tessier. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐
Ce que raconte cette nouvelle :
Dans un futur sombre et lointain, la ville de Saint-Pétersbourg est rentrée dans une nouvelle ère glaciaire, remplie des fantômes des mammouths qui se promènent dans la rue enneigée. Martin Martinytch et Macha peinent à survivre et le couple dépérit dans un froid de plus en plus intense. Martin n’a plus de choix que voler des bûches du voisin pour parvenir à réchauffer la pièce où ils se sont cantonnés.
Nouvelle écrite depuis la perte de l’espoir :
Écrite quelque part au milieu des famines et des guerres qui ont suivi le conflit bolchevique, ‘La caverne’ plonge dans une ambiance morne, aussi triste et sans espoir que la vie russe à cette époque. Car cette glaciation terrible est sans doute une métaphore de la vie sous les soviets, avec ses pénuries en tout genre. Déçu du résultat de la révolution de 1917, Zamiatine avait quitté le parti bolchevique quelques années auparavant et visiblement n’était pas trop optimiste pour le futur.
Critique avec tous les bords, l’auteur de ‘Nous autres’ (1920), fut un écrivain très controversé à son époque. Censuré autant par les tsars qu’après par les révolutionnaires, Zamiatine frôla de justesse l’exil forcé. Avec interdiction de publier, Zamiatine mena une existence misérable et finit pour s’expatrier en Allemagne et puis en France, avec la ‘permission’ de Staline.
Sombre mais intense et émouvante nouvelle sur la perte de la dignité, dans un futur sans espoir de plus en plus semblable à celui qui se dessinait autour de Zamiatine.
Disponible gratuitement sur le fabuleux site de la bibliothèque russe et slave :
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Zamiatine_-_La_Caverne.pdf
Citation :
« Entre les roches, là où fut jadis Pétersbourg, errait la nuit le mammouth à trompe grise. Et, couverts de peaux, de manteaux, de couvertures, de loques — le peuple des cavernes reculait de grotte en grotte. Le jour de l’Intercession, Martin Martinytch et Macha condamnèrent le cabinet de travail ; pour la fête de la Vierge de Kazan, ils déménagèrent, abandonnant la salle à manger pour se tapir dans la chambre à coucher. Il n’y avait pas moyen de reculer davantage ; il fallait à présent soutenir le siège — ou mourir. »
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