(Вишнёвый сад, 1904)
Traduction : André Markowicz et Françoise Morvan. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte cette pièce de théâtre :
L’aristocrate Lioubov et sa famille doivent retourner en Russie après un long période en France, pour faire face à des problèmes économiques et prendre une décision par rapport au domaine de la famille. À son retour Lioubov retrouve Varia (Ania), sa fille adoptive, qui était restée en tête de la demeure. La maison et leur fabuleux jardin de cerisiers doit être vendu aux enchères pour rembourser les dettes de la famille.
La chute de l’aristocratie et du servage :
Écrite peu avant la mort du dramaturge, ‘La Cerisaie’ fut conçue initialement comme une comédie, mais le ton est fortement crépusculaire et dépressif, même pour un Tchekhov. La solitude, l’incapacité d’atteindre le bonheur, la chute de l’aristocratie, les regrets du passé, et la futilité de la vie, sont des thématiques habituelles de l’écrivain, bien présentes aussi dans cette œuvre.
Lioubov, traumatisé par la mort de son fils Gricha, a dû partir de Russie, mais à son retour les plaies sont bien ouvertes, et tout fait surface dans un style bien tragique et sombre, mais puissant et profond. Les personnages du passé reviennent, comme Trofimov, ancien précepteur de son fils disparu, amoureux de Varia, la fille adoptive, ou Lopakhine, ancien serf devenu homme d’affaires, qui ne voit d’autre option pour sauver la situation que la vente. Le pragmatisme de Lopakhine se place en opposition des rêves de grandeur aristocratique de Lioubov.
Comme d’habitude chez Tchekhov les symboles sont très présents. La cerisaie, évoque le raffinement et sophistication de l’aristocratie. Elle exerce de témoin de cette époque révolue où la noblesse pouvait avoir des êtres humains asservis dans leurs propriétés (voir citation). La fin du siècle sonne la fin de cette cerisaie, donc le déclin de l’aristocratie et les conséquences de l’abolition du servage.
Un fabuleux Tchekhov.
Citation :
Citation : « Songez seulement, Ania, votre père, votre grand-père et tous vos aïeux possédaient des serfs, des âmes vivantes, vous devez les voir, ces êtres humains, ils vous regardent de chaque cerise du jardin, de chaque tronc d’arbre, vous devez entendre leurs voix… »
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