(Смерть Ивана Ильича, Smert’ Ivana Il’itcha, 1886)
Traduction : Boris de Schloezer. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Le juge Ivan Ilitch mène une vie pleine de reconnaissance personnelle et professionnelle. Famille, amis, soirées, travail, prestige, tout est comme il faut, la parfaite image de la réussite. Il est visiblement comblé. Jusqu’à qu’une grave maladie vient frapper à la porte et lui mettre face à la réalité et la vacuité de son existence.
Dernier regard sur une vie ratée :
Dans ce court roman (ou longue nouvelle, selon) le sujet central est celui de l’homme face à la mort. Ivan Ilitch va découvrir la réalité de sa vie : Sa famille jalousée par tous s’avère être un mensonge, il n’y a pas de vraie tendresse ou sincérité autour de lui. Toutes ces amitiés et sa belle réussite sociale va voler en éclats dès que les premiers douleurs de l’agonie vont commencer. Ilitch va réaliser qu’il a peut-être raté sa vie et que, face au néant, il est, tout simplement, seul.
Toute une vie d’égoïsme, des apparences et des conventions est mise au découvert. Son existence est vide, ses lamentations ne font écho nulle part. Il déteste le peu d’entourage qui est resté, par intérêt ou par conventions. Avec l’hypocrisie et la haine constamment autour de lui, Ilitch ne trouve plus d’amour dans son lit de mort, il doit se tourner vers ses souvenirs d’enfance pour trouver un peu de réconfort. Et pire, c’est trop tard pour une quelconque rédemption. Comme d’habitude, le côté moralisateur de Tolstoï est évident (Ilitch aurait récolté ce qu’il aurait semé), mais peu importe : C’est une réflexion profonde sur le sens de la vie et les regrets des échéances ratés. L’histoire d’un échec, du gâchis monumental d’une existence.
Lu deux fois à des âges très différentes, j’ai toujours trouvé ce roman d’une justesse et génie implacables. Mais attention, c’est sans doute le roman le plus sombre de Tolstoï, il y a peu de lumière ni d’espoir. Il n’y a pas la vivacité d’une Natasha (‘Guerre et paix’) ou l’honnêteté d’un Lévine (‘Anna Karénine’) pour nous reconnecter avec le côté lumineux de l’être humain : La mort semble la seule issue où l’on peut trouver son salut.
Avec une bonne partie du récit en forme de monologue intérieur, presque comme un stream of consciousness avant-la-lettre, « La mort d’Ivan Ilitch » nous offre un analyse psychologique bouleversant de l’âme humaine face à la fin.
Du grandissime Tolstoï.
Citation :
« “La mort. Oui, c’est la mort. Et eux tous, ils ne le savent pas, ils ne veulent pas le savoir. Ils jouent (il entendait à travers la porte des éclats de voix et des chants). Ça leur est égal, mais ils mourront aussi. Imbéciles ! Je pars le premier, et ensuite ce sera leur tour. Ils y passeront aussi. Mais ils se réjouissent maintenant, stupides animaux !” »
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