(Чайка, 1896)
Traduction : André Markowicz, Françoise Morvan. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte cette pièce de théâtre :
L’arrivée de Irina Arkadina, actrice de renom, crée l’émoi dans une propriété de campagne, où se réunissent plusieurs personnages de la famille et de voisinage. Le fils d’Irina, Konstantin, a des ambitions artistiques et veut surprendre sa mère avec son talent. Il présente une pièce de théâtre qu’il a créée, protagonisée par Nina, une jeune voisine qui ambitionne d’être actrice. L’œuvre avant-gardiste de Konstantin ne plaît pas à sa mère, femme égocentrique plus intéressée à un art scénique standard, comme les pièces écrites par son amant Trigorine, dramaturge à succès.
Les années passent. Une mouette morte est vue par Nina et d’autres personnages de la pièce, comme un présage de fragilité, d’échec et de mort.
Fragilités et frustrations :
Fabuleuse pièce de théâtre centrée dans un ensemble de bourgeois par la plupart désœuvrés, qui passent ses journées à décortiquer le sens de la vie, poussés par le mal-être, l’ennui, ou par le besoin de changement. Kostia et Nina, sont les jeunes personnages qui incarneront le souffle nouveau, tandis que le reste des personnages sera formé par des intellectuels de tout bord, lassés de leurs vies prédictibles et leur propre ennui.
Ces personnages tissent une sorte de chaine de souhaits sentimentales inutiles, de l’amour jamais retourné : L’instituteur Medvedenko désespère de charmer Macha, la jeune fille du propriétaire, à son tour amoureuse de Kostia, fasciné par Nina, qui semble s’intéresser par l’écrivain Trigorine, l’amant de la mère de Kostia, Irina, adorée par Dorn, qui à son tour est aimé par Pauline… Un gâchis monumental et désespéré, qui permet à Tchekhov d’avancer ces thèmes favoris, la frustration, la fragilité, le malheur, le vide de l’existence, avec en arrière fond un débat sur la rénovation artistique et la valeur de l’Art au-dessus des émotions. Le passage inexorable du temps, courant le long de la pièce, s’en charge de détruire tous les espoirs des protagonistes et leur mettre face à la chute de leurs illusions.
Oui, c’est sombre et triste mais c’est absolument merveilleux. ‘La mouette’ propose une réflexion lucide, profonde et cynique sur la futilité et petitesse des émotions humaines.
Citation :
« Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d’un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. Comme cette mouette. »
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