Littérature des 5 continents : AsieInde

La Perte en héritage

Kiran Desai

(The inheritance of loss, 2006)
Traduction : Claude et Jean Demanuelli. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Cho Oyu, région de Kalimpong, 1986. Le juge Jemu Popathal essaie de passer une retraite confortable dans sa grande maison entourée de la nature, profitant du calme et de sa solitude avec sa chienne Mutt. Mais il doit accueillir sa petite fille Sai, seize ans, qui a perdu ses parents en Russie. Dans cette région brumeuse du nord-est de l’Inde, le conflit entre les népalais qui souhaitent terminer avec la domination hindoue s’accentue. Un jour deux malfaiteurs font irruption dans la propriété pour voler des armes.

Le récit se mélange avec la vie à New York de Biju, le fils du cuisiner de Jemu Popathal. Tandis que son père est convaincu que son fils est en train de réussir aux US, la réalité est que le jeune garçon enchaîne les petits boulots et sa vie d’immigré ne semble pas avancer vers la réussite.

Pessimisme indien :

‘La perte en héritage’ est un roman sans doute très bien écrit mais qui est parasité par un style un peu rechargé et trop élaboré, un ton relativement confus, et une narration fracturée beaucoup trop riche en digressions. Les thèmes, personnages et situations permettent une réflexion profonde mais la lecture est peu aisée et le roman risque de devenir épuisant par moments pour un lecteur peu averti.

Le roman touche les sujets du post-colonialisme, de l’immigration, des différences de classe, et de la corruption des institutions. Le thème principal semble être double : D’un côté le roman réfléchit sur la parte de l’identité, due aux effets des modifications perpétrés par l’entourage, ou aux circonstances dérivées de la colonisation. Puis un deuxième sujet se centre sur la chute des illusions. En quelque sorte tous les protagonistes font face à une forme ou une autre de déception, tout en continuant à rêver dans un meilleur avenir, un ailleurs où tout irait mieux. À perte. Les deux sujets se rejoignent dans la critique des effets néfastes de la colonisation sur l’idiosyncrasie du pays, qui a laissé comme à triste héritage un passé traumatique dont on continue encore à payer les frais. Soyez avertis, c’est sombre, triste, riche en amertume, et souvent dépressif.

Bon roman, notamment par le ton mélancolique et nostalgique qui solidifie et donne structure à la narration, mais quand même il aurait été plus efficace avec beaucoup moins de pages, et aurait peut-être bénéficié d’un style un peu moins sophistiqué.

Prix Booker 2006 quand même.


Citation :

« Lorsqu’on bâtit sur le mensonge, c’est du sûr et du solide. C’est la vérité qui fait s’écrouler les murs. »

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