(One more year, 2010)
Traduction : Esther Ménévis. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Recueil de 8 nouvelles qui traitent des sujets dérivés de l’immigration et l’exile depuis la Géorgie et d’autres ex-républiques soviétiques vers les États-Unis. Souvent protagonisées par des femmes qui se trouvent face à un dilemme qui oppose leur pays d’adoption avec son pays d’origine, ces nouvelles comparent toujours la chute des illusions de ceux qui on réussit à s’exiler, avec les regrets de ce qui sont restés dans leur pays d’origine.
La femme face à l’immigration :
Sana Krasikov est une écrivaine d’origine ukrainien qui a grandi en Géorgie et a émigré avec ses parents aux États-Unis. Elle connait parfaitement le dossier et aborde des sujets complexes avec beaucoup de justesse et savoir-faire. Krasikov a un vrai talent pour la construction de personnages, par la plupart des femmes, et du foyer ou de l’ambiance dans lequel elles évoluent, et analyse les tensions émotionnelles qui se dérivent du dilemme qui oppose leurs vies dans leur exile américain avec leurs vies dans la ex-URSS.
Je n’ai rien à reprocher à ces nouvelles en soi, si ce n’est que l’investissement dans la lecture a des effets de courte durée. Effectivement, chaque nouvelle présente un bon nombre de personnages chacun avec son idiosyncrasie, souvent des familles entières, et cela des deux côtés de l’Atlantique. Elle réussit le pari de nous introduire assez vite dans le nœud de chaque histoire est nous plonger dans les conflits émotionnels de nos femmes protagonistes dès les premières pages. Mais la réalité est qu’après une trentaine de pages la nouvelle finit, et il faut recommencer à nouveau à retenir tout un ensemble de nouveaux personnages et situations pour une nouvelle histoire. Les amants de la nouvelle en général peuvent adorer ces récits, car ils sont vraiment soignés et bien écrits, mais personnellement je les trouve trop étoffés en contenu pour tellement peu de pages. Je me languis de travaux plus longs de son autrice, où on puisse avoir plus d’espace pour un développement dramatique conséquent.
Peut-être comme avec la canadienne Alice Munro il faudrait lire une nouvelle de temps en temps au lieu de toutes d’affilé. En fait, c’est comme cela qui ont été publiées, indépendamment, dans des journaux américains comme le New-Yorker. Dans tous les cas le travail est remarquable à niveau construction, personnages et ambiance et les thèmes de l’exil, la fuite du pays et l’immigration sont traités avec beaucoup de profondeur, sensibilité et finesse. Dans un deuxième plan, les nouvelles abordent aussi avec succès la condition féminine et la situation précaire de la femme en comparaison aux maris et hommes de sa famille, ainsi comme les différences et les sauts entre classes sociales résultat du changement de pays. Écrivaine à suivre.
Citation :
« Je me rappelai toutes les fois où j’avais commencé à tomber amoureuse, où j’étais vraiment tombée amoureuse, avant de me dire que j’avais eu tort. Parce que les gens, quand on y regarde de plus près, se révélaient toujours si décevants. Tôt ou tard, on faisait une découverte à leur sujet, que nous rendait honteux des sentiments qu’on avait éprouvés. » (Traduction improvisée)
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