(Ta’am gass khormalu, 1997)
Traduction : Christophe Balaÿ. Langue d’origine : Persan
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Recueil de nouvelles de l’écrivaine iranienne d’origine arménienne, centrées principalement sur la condition féminine au sein du couple, et les petites déceptions qui se dévoilent au fil du temps un fois passée la passion des premiers émois. Dans la nouvelle qui donne titre au recueil, « Le goût âpre des kakis », une femme âgée, seule après la mort de son mari, prend un jeune étudiant locataire, pour tromper la solitude et dissuader des possibles voleurs. Le jeune étudiant s’éprend d’amitié de la vieille dame, et un jour il se présente accompagnée d’une jeune femme.
La femme dans le couple iranien :
Avec le style sobre et subtile qui la caractérise, Zoyâ Pirzâd décortique le couple dans cinq nouvelles très différentes, par la plupart centrées sur la sensibilité féminine dans la relation amoureuse, mais aussi sur les différences qui commencent à faire surface par l’usure et la monotonie au sein du couple. Les récits s’articulent autour des petites scènes de vie, qui présentent les personnages dans leur quotidien. Tiraillées entre la liberté qu’offre le travail et la sécurité qu’offre un mari, les femmes de ces histoires font face au contraste entre la modernité et la tradition. Tandis que les personnages masculins ont moins d’arêtes, les personnages féminins sont riches et travaillés, clairement plus intéressants.
Les intrigues sont minimales, l’intérêt du récit sied plutôt dans la construction de portraits profonds et réels, et dans la documentation de leurs styles de vie à des moments déterminés. Les narrations ne sont pas linéaires et les allers-retours dans le temps et les petites digressions sont fréquentes ; de ce fait la lecture peut s’avérer difficile pour le lecteur non averti. Le niveau et intérêt des nouvelles reste assez variable, mais ma favorite est sans doute la deuxième, ‘L’appartement’, dans laquelle on suit deux femmes différentes reliées par leur rapport à un même appartement et à un même évènement. Le contraste entre les deux femmes, leurs deux narrations parallèles et leur croisement est original, suggestif et fin.
Belles nouvelles qui présentent un aperçu très dépaysant de la sensibilité iranienne, façonnée par les mœurs traditionnelles mais soumise aux changements portés par la vie moderne.
Citations :
« Comme j’ai bien fait de ne pas lâcher mon boulot ! Et de ne pas faire d’enfant. Si papa ne m’avait pas légué cet argent… »
« Quoi que je fasse, voilà cinq ans qu’il ronchonne, alors quelques jours de plus… »
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