(पल्पसा क्याफे, 2005)
Traduction : Bikash Sangraulaa. Langue d’origine : Népalais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Drishya est un artiste peintre qui vit à Katmandu et qui rêve de créer un café dans la région où il a grandi, aux milieux des montagnes, auquel on pourrait arriver seulement après un trek de plusieurs jours. Le café porterait le nom de Palpasa, une femme, moitié Népalaise, moitié américaine qui avait connu à Goa, et dont il était petit à petit tombé amoureux. Lorsque son ami d’enfance Siddhartha lui rend visite, les deux hommes partiront dans un parcours vers les montagnes, loin de Katmandu et de Palpasa, au milieu des feux croisés de la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1996 et 2006.
Amour dans le décombres de la guerre :
Le roman commence avec une note de métafiction. Le propre écrivain, Narayan Wagle, se propose de conter l’histoire de son ami Drishya et son rêve du café Palpasa. Narayan Wangle réfléchit à la meilleure façon d’aborder la situation. Puis Drishya reprend la narration et là on va faire plusieurs sauts en arrière dans le temps, au début à Goa (Inde), où Drishya rencontre Palpasa, puis après à Katmandu, où tout va basculer. On est quelque part au début des années 2000, et la guerre civile qui fait rage au Népal va affecter tous nos personnages d’une forme ou d’une autre. Siddhartha, un maoïste qui vit dans la clandestinité, va lancer à son ami le défi de découvrir la réalité du Népal, en partant ensemble dans des contrées éloignées de Katmandu. Cela décantera la narration vers le volet plus politique du roman, et déclenchera les errances de Drishya dans les montagnes de son enfance.
C’est un roman anti-guerre bien sûr mais le récit est subtil et la critique de la folie des hommes se fait en toute finesse, sans leçons à donner ni parti pris politiques marqués. L’arc narratif de notre artiste peintre, son voyage initiatique, est certainement très beau, c’est sans doute la partie la plus intéressante du roman. Sans spoiler, au début du roman, Drishya se dit être juste un artiste et ne veut pas avoir un avis politique quelconque, mais son parcours dans les montagnes, les rencontres qu’il fera et les évènements dont il sera témoin, vont changer sa vie et son art à jamais. C’est en quelque sorte comme si Drishya incarnait l’innocence du Népal, qui disparait lors de la guerre civile.
Le style est très sobre et les dialogues étonnamment très courts (très souvent une seule phrase d’à peine quelques mots), ils s’enchainent parfois dans des longs tac-au-tac. Malgré la simplicité du style, et quelques longueurs, le roman a un élan poétique puissant. Wangle réussit à créer une ambiance mélancolique émouvante, remplie des personnages attendrissants et vivants. L’horreur de la guerre couvrira d’un voile sombre le décor grandiose des montagnes, mais l’humanisme qui éclaire ce livre nous réconcilie avec la nature de l’homme, au-delà du côté absurde et aléatoire de la violence.
Record de ventes au Népal, et premier roman Népalais en vente sur Kindle, ‘Le Palpasa café’ a gagné presque tous les prix littéraires dans son pays et il est devenu une référence incontournable dans la littérature récente de ce pays.
Citation :
« (…) pourquoi as-tu peur de regarder les ronds crées par le caillou que tu as jeté dans les eaux calmes de l’étang ? »
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