(骆驼祥子,Luòtuo Xiángzi, 1937)
Traduction : François Cheng, Anne Cheng. Langue d’origine : Chinois
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Pekin, années 20. Siang-tse, jeune paysan orphelin et seul au monde, débarque à Pékin, alors la capitale de la Chine et apprend le métier de tireur de pousse-pousse avec un pousse-pousse de location. Doué pour le métier, son rêve sera d’épargner suffisamment d’argent pour s’acheter un pousse-pousse à lui, et pouvoir s’affranchir de l’exploitation dont il est victime.
Pousser ou crever :
La vie de Siang-tse est très dure et son quotidien pénible n’est pas épargné au lecteur. Soumis aux aléas du métier, et aux inégalités sociales, Siang-tse, connu comme le chameau, va vite comprendre que les tireurs de pousse-pousse appartiennent à la classe plus basse de la société. Ils n’ont pas des droits et c’est presque impossible de s’en sortir.
Avec un superbe sens pour l’introspection psychologique, Lao She fait des portraits des personnages très justes et variés, notamment celui du personnage principal. D’un caractère taciturne et introverti, Siang-tse est un homme honnête et droit qui parle peu. À travers plusieurs rencontres, positives et négatives, ce jeune qui croit fortement à l’avenir et s’accroche à ses rêves, se verra confronté à la réalité de la société chinoise des années 20 et 30.
La triste thèse, point de départ du roman, est que, dans un régime qui favorise les inégalités sociales, peu importe le travail honnête et acharné, les pauvres finissent toujours au même endroit. L’inutilité de la sueur du protagoniste revient souvent au cœur de l’histoire. Comme à exemple, la citation : « À quoi bon vouloir être fort et honnête, puisque le monde n’en serait pas plus juste ? »
C’est un merveilleux et doux roman, triste sans doute, mais porté par la touchante tendresse qui accompagne les péripéties de Siang-tse. Un classique du roman chinois du 20ème siècle.
Citation :
« Il est naturel qu’un tireur de pousse se saigne aux quatre veines et se nourrisse de n’importe quoi. Il est normal qu’il fournisse le plus d’énergie possible contre le salaire le plus dérisoire et qu’il occupe la dernière place dans la société, en attendant d’être frappé par les lois et les hommes, et miné par toutes sortes de souffrances. »
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