Littérature des 5 continents : AsieBangladesh

Le rêve de Sultana

Rokeya Sakhawat Hossain

(Sultana‘s dream, 1905)
Traduction : Olivier Bougnot. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐

Ce que raconte cette novella :

Ladyland, la terre des femmes, est un pays utopique et ultra-féministe dans lequel les rôles de la société traditionnel bengalie sont renversés : Les femmes gèrent tout et les hommes restent cloîtrés dans leur maison.

Ladyland :

Hossain écrivit ‘Le rêve de Sultana’ pour passer le temps pendant que son mari (qui était député) était en voyage diplomatique. Elle voulait aussi lui prouver sa maîtrise de la langue anglaise. Son mari, fasciné par la nouvelle, encouragea sa femme à la publier. Elle apparut en anglais en 1905 dans The Indian Ladies Magazine, puis en 1908 en sa traduction bengali.

Dans cette relativement simple nouvelle le parti-pris est clair : Un univers dirigé par des femmes, fonctionnerait de façon beaucoup plus efficace qu’un dirigé par des hommes. Quoique je peux éventuellement adhérer à cette théorie, le développement de la même est clairement naïf : Dans Ladyland, les femmes travaillent deux heures par jour car elles ne perdent pas de temps dans leurs pauses cigarette ; Pas besoin de policiers ni de juges car les femmes ne perpètrent pas des crimes ni convoitent les biens des voisins. Cette société utopique a comme credo l’amour et la vérité, le mensonge n’existe plus. Même le péché a cessé d’exister.

Derrière ces ingénuités, il y a l’idée que l’école et l’université et en général l’accès au savoir de la femme est la clé de son émancipation. Effectivement les femmes n’accèdent à cette domination par la force ni par la violence, mais tout simplement à travers de la connaissance.

Pour véhiculer l’idée qu’un monde des femmes serait plus avancé technologiquement, on rajoute certains composants de science-fiction un peu à le style de Jules Verne (la nouvelle fut écrite en 1905) : L’énergie solaire est capturé et redistribué grâce à des inventions scientifiques de pointe, La condensation de l’eau de la pluie grâce à des sophistiqués montgolfières, permet autant l’approvisionnement d’eau comme le contrôle de la météorologie, et des véhicules volantes, qui fonctionnent un peu comme des drones, permettent de se déplacer facilement. Ces inventions sont le résultat de l’investissement dans les universités.

Simple et naïve, mais d’un féminisme assez pionnier et impressionnant pour l’époque, cette nouvelle dut froisser certains. Au-delà de sa facette d’écrivaine, Rokeya Sakhawat Hossain combattit férocement le sexisme dans la société bengalie, travaillant inlassablement pour l’émancipation des femmes en Inde, et leur accès à l’université et à l’éducation.


Citation :

« Les hommes, qui font ou sont capables de faire mile méchancetés, se promènent en total liberté, tandis que les innocentes femmes, sont cloîtrées dans les zenanas ? Comment peut-on faire confiance à ces hommes pas éduqués et les laisser dehors ? »

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