Littérature des 5 continents : AsieJapon

Les amis

Kōbō Abe

(友達, 1967)
Traduction : Cécile Sakai et Françoise Sakai. Langue d’origine : Japonais
⭐⭐

Ce que raconte cette pièce de théâtre :

Un homme trentenaire parle au téléphone avec sa petite copine, quand on frappe à la porte. Il ouvre et se trouve face à une famille complète de parfaits inconnus qui débarque chez lui avec valises et tout : Un couple d’âge moyenne, ses six enfants et la grand-mère. L’homme, hébété, peine à réagir et la famille se faufile dans la maison. Face à ces hôtes imprévus qui insistent à lui faire compagnie dans sa solitude, l’homme se sent démuni et incapable de les mettre dehors malgré tous ses essais. Il commence une cohabitation compliquée et surtout complètement absurde.

Métaphore de la pression sociale :

C’est une comédie absurde et parfois loufoque qui met en scène un homme incapable de se battre contre une famille de neuf membres, aussi bruyants que disparates. Notre protagoniste, simplement nommé l’homme, n’arrive pas à enrayer l’engrenage mis en route par cette famille, qui s’incruste sans aucune explication logique et qui, de surcroit, essaie de lui faire comprendre que c’est pour son bien. Le sujet a une portée métaphorique, avec la famille ‘parasite’ incarnant en quelque sorte la pression sociale pour appartenir à un clan et le besoin d’adaptation à la majorité.

Les limitations de la liberté individuel et du libre arbitre sont donc au centre de cette pièce qui montre les réactions de l’homme face aux obligations : Incompréhension, colère, soumission. Ces sujets sont évoqués subtilement dans cette pièce qui base le plus gros de sa part comique dans l’absurde d’avoir une troupe des intrus qui agissent comme s’ils étaient chez eux. Leur objectif serait de terminer avec la solitude et l’individualisme du locataire, le tout sans relever à aucun moment la singularité de la situation.

Malgré ces prémices détonantes et ces bonnes intentions, j’ai la sensation que la pièce n’arrive pas à décoller ni à nous mener quelque part. Avec beaucoup de possibilités créatives, cette pièce se prête quand même à des mises en scène originales, qui pourrait aboutir dans des productions théâtrales sans doute très intéressantes. Mais, en soi, le texte me parait relativement limité, le langage pas particulièrement riche (et je ne suis pas sûr que la traduction y soit pour quelque chose), les reparties pas assez percutantes, les personnages pas suffisamment marqués, et en général tout cela a un air un peu désuet. À voir ce que cela donne sur les planches.


Citation :

« C’est pourquoi nous sommes venus, de si loin. Nous vous avons entendu appeler à l’aide, la route était longue, mais nous avons marché vers vous, en passant par un sombre tunnel, celui des inconnus. Afin de vous apporter, non pas peut-être le soleil, mais au moins un charbon ardent. »

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